Faust, une légende allemande est un magnifique film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau, coécrit par Johann Wolfgang von Goethe d'après le poème Faust sur une très belle photographie de Carl Hoffmann et produit par Erich Pommer qui met en scéne la légende du XVIe siècle de Faust... Laquelle est un pacte entre l’archange (joué par Werner Fuetterer) et le diable (Méphisto joué par l'excellent Emil Jannings)... Les termes du pari de ce dernier sont qu'il doit parvenir à corrompre l’âme d’un homme de bien (Faust joué par l'excellent Emil Jannings) et détruire en lui tout ce qu’il y a de divin (Incarné par Gretchen (jouée par la très jolie Camilla Horn)... Laquelle représente l’innocence, la pureté dans toute sa splendeur) et alors la Terre sera sienne... Après le magnifique Nosferatu, le grand cinéaste Friedrich Wilhelm Murnau réalise ce nouveau chef d'oeuvre du cinéma Allemand... Une œuvre picturale (Il s'inspire des tableaux de Rembrandt, Georges de La Tour ou Vermeer) ou la lumière crée les formes qui se détachent du fond... ou Murnau joue avec les amalgames de gris ou de noir afin que les différents protagonistes s’unissent au décor. En effet, la notion de contour disparaît au profit d’un contraste fort de valeurs claires et sombres, notamment dans les scènes se déroulant dans le cabinet de Faust. Les contrastes y sont très marqués mais Faust reste fondu dans le décor. Les piles de livres qui constituent le cadre et le visage de Faust ressortent mais sont liés dans l’image à travers des noirs bouchés. À l’opposé, dans la chambre de Gretchen, c’est l’absence de contraste qui la lie au décor. La luminosité fait ressortir le caractère épuré des décors. C’est un espace de surface lisse tout est dans le même ton de gris. On retrouve le même amalgame que dans le cabinet de Faust, mais cette fois, c’est un amalgame par le blanc qui unifie le décor et le personnage dans l’image. Ce qui ressort avant tout c’est l’uniformité du gris. Aussi Murnau a choisi un décor épuré avec peu d’objets de la vie quotidienne. Cela fait penser à la construction d’un contraste entre les deux personnages, mais l’encombrement dans le cabinet de Faust est relativisé par le jeu des noirs bouchés qui fait que l’on ne les distingue pas. En fait chacun s’intègre dans son espace. Et si celui-ci tend à refléter la psyché des personnages, l’harmonie qui se dégage de l’image tend à les rapprocher plus qu’à les opposer.
L’architecture de la ville renvoie à un traitement différent. C’est le seul élément qui semble rester d’un décor d’inspiration expressionniste. Les toits sont en pente raide, avec de nombreuses lignes obliques. Les formes architecturales sont statiques, reléguées aux arrières plans afin de faire ressortir les différents protagonistes. Le décor est aussi un vecteur d’espace symbolique. Dans la scène de l’église jaillissent des ondes de lumière qui s’échappent par le portail ouvert et auxquelles se heurtent Méphisto et Faust voués aux ténèbres. Cette scène illustre un des thèmes récurrents du film, à savoir la frontière virtuelle et infranchissable. En effet, tout le film est construit autour de l'adjonction de deux mondes, deux visions, deux domaines. Ici le mythe de Faust qui célèbre le combat de la lumière contre les ténèbres, est particulièrement visible... Murnau utilise le travelling de façon ponctuelle alors qu’il l'avait largement employé dans Le Dernier des hommes... et emploie ce procédé notamment lors du voyage aérien de Faust et de Méphisto debout sur le manteau magique... dans une sublime scéne qui débute au-dessus des toitures de la ville, traverse les campagnes et les montagnes pour arriver enfin, à Parme dans le palais où se déroulent les noces de la duchesse (jouée par Hanna Ralph)... Murnau se réfère à un passage de Goethe où le voyage aérien est présenté comme un doux rêve auquel se laisse aller Faust... Enfin bref, Murnau signe encore un chef d'oeuvre expressionniste qui est axé sur la conception et la fonction de la lumière qui modèle la forme et qui sculpte toutes les formes, visages, corps, objets et éléments naturels... et ou on retrouve l’éternel combat entre le bien et le mal, la lumière et l'obscurité.

Eric31
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le 24 déc. 2015

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