Le diable et l'édit commandement
A la recherche d'un visa pour Hollywood, Murnau se lance dans un projet des plus ambitieux : l'adaptation du monument de Goethe. Deux heures de délire pictural avec une lumière dingue et des plans de toute beauté.
La grande réussite du film se trouve là, dans l'inspiration puis la reproduction de peintures fameuses : Rembrandt, Vermeer, De La Tour... parfaitement insérée dans l'ensemble du film grâce au génie du directeur de la photographie, Carl Hoffmann. A noter aussi un casting impressionnant de vieilles trognes semblant sortir d'un Bruegel et l'incroyable visage d'une Gretchen sortie tout droit de l'iconographie religieuse... En ce sens, la défection de Lilian Gish aura au moins eu le mérite d'offrir à Camilla Horn le rôle de sa vie...
En dehors de ses qualités esthétiques évidentes, le film possède quelques défauts plus ou moins mineurs. D'abord, dans l'édition DVD que j'ai pu avoir (grâce à l'aimable et généreuse enfant que je remercie d'ailleurs en passant) la musique dépasse les limites de l'abominable. Ensuite, les intertitres en caractères gothiques, c'est un peu lourdingue, surtout si chaque panneau reste suffisamment longtemps pour être lu cinq ou six fois par une personne normale...
Pour revenir au film, nous avons un Méphisto intéressant joué de façon truculente par un Emil Jannings en grande forme, mais était-il nécessaire de se laisser aller à la folie du double jusqu'à en proposer deux ? Surtout que le second se croit obligé de porter la tenue traditionnelle de son rôle, ce qui, entre nous, m'a toujours paru incompréhensible.
Ah oui et sinon, Faust est quand même vraiment un sale con, c'est toujours pénible quand le héros est un sale con, c'est dommage, mais bon, on s'y attendait un peu et puis, le film est vraiment superbe...