Faut pas jouer avec les vierges par Pascoul Relléguic

Un film qui démarre par une escouade de naïades batifolant nues dans une rivière a le don d'attirer le regard. Son enchainement par une bagarre de village à la Astérix, sur fond d'humour très "gaulois" (comprendre des pince-fesses pouêt-pouêt), suivie de scènes de capes et d'épée, puis d'érotisme rural, permet de cerner la nature très patchwork de Zenabel. On en vient régulièrement à se demander s'il y avait vraiment un script tant l'intrigue bringuebale dans tous les sens, au gré des opportunités de déshabiller un casting féminin au charme naturel de bon aloi. Deodato se fait également plaisir au niveau réalisation, tentant des trucs (une belle inversion de cadre lors d'une course-poursuite dans les champs), quitte à partir en sucette (la séquence de pseudo-torture tellement étrange que j'ai cru à tort que c'était un rêve), et profitant bien de ses jolis paysages (de belles pierres médiévales et des cascades d'eau qui donnent envie).


Ce côté bordélique se retrouve également dans les thématiques contradictoire du film, valorisant un féminisme conquérant (Zenabel est une héritière spoliée de son Duché qu'elle compte bien reconquérir avec une armée de femmes arrachées aux concupiscences masculines) qui n'est toutefois pas gêné par des scènes de tentatives de viol accompagnées de musiques guillerettes voire romantiques. On saura également s'étonner devant une chasse à courre aux vierges où des notables pourchassent de jeunes femmes court vêtues mais qui, suite à une intoxication malicieuse aux sédatifs, ne parviennent pas à aller au bout de leur projet coïtal... au grand dam de ces demoiselles. Une œuvre profondément pré-metoo qui doit donc être appréhendée avec le recul nécessaire.


Pour autant, rien n'apparait jamais glauque car la bonne humeur l'emporte sur tout ; de fait, le tournage semble avoir été bon enfant selon Ruggero Deodato, qui considère avoir réalisé un film familial (!). Il décrit d'ailleurs dans une interview avoir été choqué de découvrir que Zenabel avait été allongé de quelques inserts pornos à l'étranger (scènes dispo en bonus sur le BR du Chat qui fume... Quelle sincérité éditoriale !), alors qu'il voulait montrer le film à sa fille. Choc des cultures et des époques. Zenabel apparait donc comme une bizarrerie italienne faite de bric et de broc et à l'ambiance légère, qui vaut le coup d’œil pour qui saura rester ouvert d'esprit.

Créée

le 31 janv. 2022

Critique lue 232 fois

4 j'aime

Critique lue 232 fois

4

D'autres avis sur Faut pas jouer avec les vierges

Faut pas jouer avec les vierges
Boubakar
5

Le pouvoir aux femmes.

Dans l'Espagne du XVIIe siècle, une jeune femme apprend de son père mourant que non seulement elle a été adoptée, mais que ses parents de sang étaient en fait les ducs du coin, assassinés par le...

le 19 déc. 2021

3 j'aime

2

Faut pas jouer avec les vierges
fairybrownie
2

Beurk

Un film hideux, avec des costumes sortis d’un magasin de farces et attrapes, tourné dans la campagne profonde.Aucun scénario donc forcément aucune intrigue à part voir des « femmes fortes » (mais qui...

le 17 avr. 2024

Faut pas jouer avec les vierges
sebastien1138
4

Cape et d'épée erotique

Bref... Mieux qu'un téléfilm erotique. On retrouve un peu les mêmes musiques lors des scènes erotique que ces téléfilm diffusé dans les années 80 le dimanche soir en deuxième partie de soirée. Une...

le 23 déc. 2021

Du même critique

Miraculous - Le film
Pascoul_Relléguic
4

Critique de Miraculous - Le film par Pascoul Relléguic

Découvert avec ma fille en avant-première, le film s'avère rapidement déroutant avant de virer au décevant pour qui connait un tant soit peu la série originale : Miraculous the movie est en fait plus...

le 14 juin 2023

13 j'aime

The Dead Don't Die
Pascoul_Relléguic
2

Quand l'hommage vire à l'escroquerie

Au début, j'ai trouvé le film gentiment intrigant ; par la suite, j'ai ressenti ça comme sans intérêt ; à la fin, j'ai conclu à une détestable escroquerie. Jarmusch s'est contenté de fragmenter toute...

le 14 mai 2019

11 j'aime

Undone
Pascoul_Relléguic
9

La folie est parfois la meilleure manière de s'adapter à la réalité

Undone ne fait pas les grands titres et c'est bien dommage car voilà une série qui le mérite. Alma est meurtrie par la mort de son père durant son enfance et elle tente de se construire en tant...

le 19 avr. 2020

9 j'aime