Un film qui démarre par une escouade de naïades batifolant nues dans une rivière a le don d'attirer le regard. Son enchainement par une bagarre de village à la Astérix, sur fond d'humour très "gaulois" (comprendre des pince-fesses pouêt-pouêt), suivie de scènes de capes et d'épée, puis d'érotisme rural, permet de cerner la nature très patchwork de Zenabel. On en vient régulièrement à se demander s'il y avait vraiment un script tant l'intrigue bringuebale dans tous les sens, au gré des opportunités de déshabiller un casting féminin au charme naturel de bon aloi. Deodato se fait également plaisir au niveau réalisation, tentant des trucs (une belle inversion de cadre lors d'une course-poursuite dans les champs), quitte à partir en sucette (la séquence de pseudo-torture tellement étrange que j'ai cru à tort que c'était un rêve), et profitant bien de ses jolis paysages (de belles pierres médiévales et des cascades d'eau qui donnent envie).
Ce côté bordélique se retrouve également dans les thématiques contradictoire du film, valorisant un féminisme conquérant (Zenabel est une héritière spoliée de son Duché qu'elle compte bien reconquérir avec une armée de femmes arrachées aux concupiscences masculines) qui n'est toutefois pas gêné par des scènes de tentatives de viol accompagnées de musiques guillerettes voire romantiques. On saura également s'étonner devant une chasse à courre aux vierges où des notables pourchassent de jeunes femmes court vêtues mais qui, suite à une intoxication malicieuse aux sédatifs, ne parviennent pas à aller au bout de leur projet coïtal... au grand dam de ces demoiselles. Une œuvre profondément pré-metoo qui doit donc être appréhendée avec le recul nécessaire.
Pour autant, rien n'apparait jamais glauque car la bonne humeur l'emporte sur tout ; de fait, le tournage semble avoir été bon enfant selon Ruggero Deodato, qui considère avoir réalisé un film familial (!). Il décrit d'ailleurs dans une interview avoir été choqué de découvrir que Zenabel avait été allongé de quelques inserts pornos à l'étranger (scènes dispo en bonus sur le BR du Chat qui fume... Quelle sincérité éditoriale !), alors qu'il voulait montrer le film à sa fille. Choc des cultures et des époques. Zenabel apparait donc comme une bizarrerie italienne faite de bric et de broc et à l'ambiance légère, qui vaut le coup d’œil pour qui saura rester ouvert d'esprit.