Carlo Pedersoli était un nageur de haut niveau,qui a même participé aux Jeux Olympiques avec l'équipe nationale italienne.Sa carrière sportive terminée,il est devenu gros et barbu et s'est lancé dans le métier d'acteur sous le pseudo de Bud Spencer.Le bonhomme vient de mourir et,comme toujours dans ces cas-là,les éloges fleurissent à son sujet.Ceux qui,il y a peu,dégueulaient joyeusement sur le comédien et ses films,lui trouvent soudain des tas de qualités.Il y a deux sortes de Spencer movies.Ceux tournés en duo avec son compère Mario Girotti,alias Terence Hill,sont les plus connus,les deux guignols étant dans les années 70-80 les Laurel et Hardy de la baston bas de gamme.Et puis il y a ceux tournés après la séparation avec Hill,dont le Gros Bud était la seule vedette."Faut pas pousser" appartient à cette époque de sa carrière."Faut pas pousser",c'est la formule idoine,et cette comédie SF vient nous rappeler quelques évidences,à savoir que Spencer était un acteur calamiteux qui jouait la plupart du temps dans des films merdiques.Il s'agit de la suite de "Le shérif,Charly et les extra-terrestres",qui avait connu un relatif succès l'année précédente.Dans ce sous-E.T. transalpin,un shérif de cambrousse recueillait un petit garçon venu d'une autre planète.Les autorités poursuivant le gamin,cette sequel voit les deux personnages gagner une autre ville dans laquelle le shérif obtient un poste de ...shérif!La première partie du film est consacrée au nettoyage du patelin par le policier, qui rosse dans la bonne humeur tous les délinquants folkloriques qui polluent l'endroit.La seconde partie le voit combattre de méchants aliens qui veulent asservir l'humanité et ont eu l'outrecuidance de kidnapper son protégé.La même équipe que pour l'opus précédent est à l'oeuvre.Producteurs,réalisateur,scénaristes,musiciens,techniciens,duo d'acteurs principaux,tous ont rempilé,et ils auraient sans doute mieux fait de s'abstenir.Car tout est raté dans ce film:scénario mièvre et ennuyeux,dialogues crétins à l'humour éléphantesque,gags visuels usés et pitoyables,montage absurde effectué par un psychopathe,décors et appareils hi-tech confectionnés par les enfants de l'école maternelle,musique de fanfare en totale inadéquation avec les images,bagarres si mal réglées qu'on a du mal à y croire,les coups n'étant visiblement pas portés,ce qui est souligné par l'extrême lenteur des mouvements.Quant à l'interprétation,au secours!On ne peut même plus dire que Spencer est mauvais,il ne joue carrément pas.Incapable d'exprimer la moindre émotion,l'air à moitié endormi,il se plante au milieu de l'écran,assurant mollement et imperturbablement son office de machine à donner des baffes.Le gamin,c'est Cary Guffey,un des pires enfants-acteurs qu'on ait pu voir au cinéma,et Dieu sait qu'il y en a eu des pas bons.Ce blondinet bouffi et hébété se contente d'arborer un air rigolard,se réjouissant manifestement plus que le spectateur de toutes les bonnes plaisanteries dont il nous gratifie.Il semble être un spécialiste des extra-terrestres puisqu'il interprétait déjà le môme de "Rencontres du 3e type".Apparemment,Spencer aimait à l'époque faire équipe avec des mouflets,car il a eu dans la même période pour partenaire le petit Bobo Dakile dans un autre diptyque comprenant "Inspecteur Bulldozer" et "Pied-plat sur le Nil".Il est décevant de voir à la barre de ce navire en perdition Michele Lupo,un des bons réalisateurs du bis italien,qui a souvent fait mieux,y compris avec Spencer dans le sympathique "Capitaine Malabar,dit la bombe".Mais il semble ici avoir été totalement débordé par la nullité déployée à tous les niveaux de l'entreprise.Si on veut être clément,on peut considérer que le film est surtout destiné à un jeune public,mais il n'est pas certain que même des enfants puissent se satisfaire d'un plat aussi peu ragoûtant.Reste la solution d'apprécier ça comme un navet rigolo à savourer au dixième ou vingtième degré.Il est de fait que c'est si catastrophique que les chroniqueurs du site Nanarland.com pourraient facilement le référencer et en faire une de ces analyses tordantes dont ils ont le secret.