Dans une Russie glaciale un couple se déchire et laisse sur le carreau un fils qu’il projette de placer en pensionnat. Ce « gosse » - tel que ses parents le désignent – comprend en écoutant aux portes le sort que ses parents, faute d’amour, lui réservent. Alors que Boris et Genia reconstruisent leur vie avec de nouveaux conjoints, Aliocha disparait.


C’est ainsi que ce garçon qui apparait comme la dernière de leur priorité, devient le centre de leur attention. Dès les premières minutes du film, Zvyagintsev fait disparaître cet enfant en ne lui consacrant que quelques plans rapides. Aux yeux du spectateur comme aux yeux des parents, Aliocha disparait, on en oublie même son visage. Tout le film tourne autour de la disparition d’un personnage dont on ignore presque tout mais dont on connait le traumatisme et le mal-être. On pourrait être tenté de décrire ce film comme l’histoire d’une disparition mais c’est la séparation et la nouvelle vie des parents qui est mise en avant. Cette disparition apparaît finalement comme un bon prétexte pour représenter la haine que peuvent ressentir deux humains forcés à agir normalement dans une situation dramatique.


La longueur du film – 2h07 – sert parfaitement l’intrigue et les douloureuses recherches. Le spectateur est sous tension et a parfois même l’impression d’être plus impliqué dans les recherches les parents. C’est davantage un film que l’on vit et subit qu’un film auquel on assiste. Cette impression est renforcée par une bande son anxiogène qui ne laisse aucun répit mais aussi par de multiples cris, de grésillements de télévision constamment allumée ou même de hard rock écouté par le père dans la voiture.


La Russie que l’on y voit est grise, pluvieuse, souvent austère et parfois délabrée à l’image des immeubles près de la rivière ou de la morgue maculée de poussière et d’éclaboussures. Cette Russie contraste avec une autre, très moderne et impersonnelle à l'exemple du nouvel appartement de Genia qui comporte un tapis de course ou même de l’iphone dont cette dernière peine à se détacher. Emprisonné entre ces différentes atmosphères, le spectateur peine à trouver des repères, d’autant plus que, malgré son implication dans les recherches, celui-ci peine à s’identifier aux personnages.

agthmrn
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le 18 mai 2020

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