C’est à la fois ravie et chagrinée que suis ressortie de la salle. Le film comporte selon moi des qualités notoires mais aussi de grandes faiblesses. La ville de Dakar est très justement filmée par Maty Diop qui met en exergue le contraste entre la modernité de certains édifices et villas et les logements plus modestes des travailleurs. A l’échelle des habitants de Dakar un autre contraste est tout aussi frappant : la manière de vivre de ces jeunes filles et le poids des traditions auxquelles elles doivent se plier. C’est sur ce tissu de contraste que Maty Diop développe l’histoire d’Ada, jeune Sénégalaise éprise de Souleiman et contrainte d’épouser Omar. Mais le film ne se limite (malheureusement !) pas à cette intrigue réaliste et prenante. La réalisation prend rapidement une tournure fantastique, des filles du village deviennent possédées et incarnent des jeunes morts en mer et c’est là que j’émets des réserves. Le spectateur se questionne : Souleiman et ses amis sont-ils morts ? Ces filles sont-elles déguisées ou bien réellement possédées ? Réel ou fiction ? Pourquoi le policier et la jeune fille tombent-ils malades ? Tout cela est-il vraiment lié aux impayés qui ont contraint les travailleurs à partir de Dakar à bord d’une pirogue ? Le film au départ politique et puissant – notamment grâce à une bande son remarquable – devient un conte qui laisse le spectateur sur sa faim, frustré de ne plus comprendre voire agacé par l’arrivée de ces zombis.