Le deuxième court-métrage de Mati Diop s'intitulait Atlantiques et racontait la traversée de l'océan par un jeune sénégalais. Avec son premier long, la réalisatrice a changé de perspective en s'intéressant à l'odyssée de Pénélope plus qu'à celle d'Ulysse. Avant tout, la cinéaste a tenté de livrer un récit qu'elle aurait aimé elle-même voulu voir à l'écran et Atlantique se retrouve ainsi à un carrefour de genres, sans se décider vraiment à en privilégier un plutôt qu'un autre : conte fantastique, enquête policière, manifeste politique, drame social, histoire romantique, essai documentaire ... C'est très séduisant sur le papier mais encore faut-il maîtriser parfaitement sa narration et équilibrer éléments réalistes et poétiques. Atlantique est hélas trop inégal, alternant très belles scènes et moments plus anodins quand l'intrigue ne devient pas brouillonne ou confuse. Le film manque aussi d'une direction d'acteurs plus soutenue, les interprétations étant pour le moins inégales. Mati Diop, qui se définit comme métisse et ouverte à toutes sortes d'influences, a réalisé un premier film courageux, ambitieux et original dans lequel circule une grande liberté de ton. Certes, il est aussi maladroit, voire peu lisible par endroits, mais il contient tout de même beaucoup de promesses pour l'avenir.