Critique originale sur Le Mag du Ciné.
Après The Dead Don’t Die et Bacurau, le mélange des genres semble être un processus qui a convaincu le comité de sélection du Festival de Cannes cette année. Mais convaincra-t-il le jury d’Alejandro Gonzalez Inarritu pour décerner une Palme d’or audacieuse à l’un de ces films ? Atlantique sera également en compétition pour la Caméra d’Or.
Atlantique est le genre de films dont on sort intrigué et surpris, un premier film dont l’ambition et l’originalité est salutaire, qui met à l’honneur un cinéma si peu montré. Voir un cinéma africain qui ose, qui tente et qui, même si ce n’est pas toujours réussi, est riche de propositions, est remarquable dans un Festival comme Cannes qui sera une belle fenêtre ouverte pour le continent. Mais l’ambition ne suffit malheureusement pas à faire un bon film. Le virage fantaisiste est dur à prendre tant le début commençait à charmer dans la douce romance poétique qu’il proposait. Déstabilisant, l’insertion de ce processus fait totalement perdre le cœur et le sens du propos, auquel on pouvait pourtant croire. Vient s’ajouter à cela, une direction d’acteur parfois à la limite de l’amateurisme qui rend les moments charnières peu crédibles et renforce donc ce mélange des genres incongru.
Heureusement, le film a ses bons moments, ses tours de force très tendres où la voix off d’Ada livre de belles émotions. Mais l’une des forces principales du film est son cadre soigné et ses images sublimes où la lumière très travaillée permet au spectateur de voyager, si ce n’est pas à travers les genres mais au moins à travers le Dakar que Mati Diop saisit de sa caméra.
Certains comparent déjà ce cinéma à celui de la réalisatrice française Claire Denis, on ne peut qu’espérer la même carrière à Mati Diop, qui offre une riche proposition manquant seulement d’épaisseur et de cohérence. Une fois le bon dosage trouvé (les répétitions trop nombreuses des plans sur l’océan prouvent une nouvelle fois sa maladresse), il est évident que la cinéaste aura toute la reconnaissance qu’elle mérite.