Ce documentaire nous plonge dans le quotidien de collectifs de collages féministes, aujourd’hui implantés partout en France. Depuis plus de trois ans, ces militant.e.s se réapproprient l’espace public en y imposant des slogans dénonçant les violences patriarcales. Véritable exutoire, le procédé de collage a une forte dimension symbolique pour les colleur.euse.s. Dans ce sens, les images du film constituent de formidables clefs de compréhension du mouvement.
Pourtant, en regardant RIPOSTE FÉMINISTE, on a le sentiment d’être face à un groupe unifié aux revendications alignées. Certains groupes locaux sont mixtes, d’autres non mixtes, et c’est bien la seule différence qui nous est montrée. Ce collectif national, à l’organisation décentralisée, est pourtant caractérisé par une grande pluralité d’opinions. Certains groupes mettent par exemple leurs revendications antiracistes au centre de leur combat – je pense ici au groupe de collages féministes d’Aubervilliers (93). D'autres groupes sont traversés par des conflits sur les questions de l'inclusion des femmes transgenres dans la lutte féministe et de l'abolition de la prostitution.
Le féminisme est pluriel, ce mouvement l’est aussi. Il est regrettable que la réalisatrice et le réalisateur ne se soient pas penché.e.s sur cette pluralité, qui fait pourtant la spécificité de ce collectif arborescent. Les mots « racisme » et « intersectionnalité » ne sont ainsi jamais prononcés, alors qu’ils sont dans la bouche de nombreux.se.s militant.e.s sur le terrain.
Le film a le mérite de montrer que les colleur.euse.s sont nombreux.se.s, qu’iels sont fort.e.s, organisé.e.s, et que leurs revendications sont à prendre au sérieux. S’il est sans doute pertinent, d’un point de vue militant, de dépeindre le mouvement comme une structure puissante qui se déploie sur le territoire, le documentaire est finalement assez convenu en raison du manque de finesse de l’analyse proposée.