Avec Faux Semblants, David Cronenberg réalise ici l'un de ses films qui durent le plus longtemps, 1h55 générique compris. Il prend donc bien le temps d'installer ses personnages et son intrigue, dans un cadre bien plus réaliste que ce qu'on voit habituellement chez le cinéaste. En plus de cela nous sommes dans un contexte de milieu médicale, forcément, dans la profession de gynécologue, donc le sexe, forcément encore une fois.
Son intrigue se base autour de 2 jumeaux, et leur relation très complexe, malsaine même. Le double rôle très complexe est assuré par l'énorme Jeremy Irons. Cronenberg dresse des portraits des jumeaux très intéressant, car les 2 sont bien différents : par exemple l'un est à l'aise en public, l'autre renfermé sur lui même, dans leur rapport avec les femmes et dans leur sexualité aussi ils sont les opposés (film convoquant comme toujours chez le canadien le sexe, plus ou moins "violent"). Mais malgré cela il partage tout, ils disent "on" au lieu de "je" quand ils parlent, ils forment une paire complémentaire. Enfin jusqu'à ce qu'une certaine femme arrive dans leur vie, et qu'une cassure s'installe entre les deux frères, une cassure grandissant petit à petit. Jusqu'à ce qu'une scène très courte d'un rêve vienne nous rappeler qu'on est bel et bien chez Cronenberg, et qui nous promet une suite de film basculant dans le body horror, voir le fantastique.
Ce ne sera pas vraiment le cas, mais les personnages sombreront petit à petit dans une sorte de paranoïa, à base de drogue (sujet ultra important, aussi présent dans Naked Lunch), Beverly tout particulièrement. Cronenberg invoque quelquefois l'illusion, dans des scènes très bien maîtrisé, ne tombant jamais dans l'excès. Il fait toujours passé la complexité des personnages et de leurs relations avant tout. C'est aussi le cas dans la mise en scène de Cronenberg, nous immergeant au coeur de cette histoire. C'est de toute façon sans aucun doute le film le plus humain de sa première partie de carrière (n'ayant pas encore vu la suite sa filmo au moment où j'écris cette petite critique).
Un film très proche de l'humain donc, mais pour autant il y a toujours une certaine présence de folie comme je l'ai dit, mais l'on parle aussi plusieurs fois de femme "mutante". Il y d'ailleurs des scènes médicales assez éprouvantes, avec des ustensiles flippants, des moments qui sont d'autant plus dingue quand quand Beverly sombre dans la folie dans le seconde heure du film.
Incontestablement le film est excellent, je l'ai vraiment apprécié, mais ce n'est pas non plus celui qui m'a le plus transporté, ni transcendé. D'où le fait que je ne trouve pas beaucoup de choses à dire. Mais c'est quand même très fort, au minimum car cela agrandit encore la palette de Cronenberg.