Impossible pour cette femme de témoigner de la sauvage agression qu’elle vient de voir, vu qu’elle se trouvait à la fenêtre de l’appartement de son amant, qui de surcroit se trouve être un employé de son mari. Mais notre Casanova, souhaitant arrêter le féroce assassin violeur qui sévit dans la ville et briller aux yeux de sa maitresse bien plus ombrageuse qu’il ne le suppose, non seulement se fait passer pour le témoin auprès de la Police et du tribunal, mais s’amuse à suivre le suspect en jouant les détectives, en s’alliant à la jeune femme victime de cette fameuse soirée. Très vite discrédité par l’incohérence de son témoignage, ses parcours nocturnes font désormais de lui le suspect N°1 aux yeux de la Police. Un insupportable étau d’injustice s’abat inexorablement sur un malheureux héros bien trop tendre et sensible pour l’assassin dont il n’a plus d’autre choix que de le confondre.
Voici un palpitant petit thriller de 1987, aventureux, peuplé d’hommes romantiques, nigauds, victimes (ça change) ou malades, qui auront du mal à faire le poids face à des femmes en acier trempé (impressionnantes Isabelle Huppert et Elizabeth Mac Govern), et dont les progressions construisent avec angoisse, rage impuissante et habileté toute la dramatique cohésion des injustices, des malentendus et des lourdes menaces conséquentes. La seconde partie demeure agréable à la manière d’un épisode de Starsky et Hutch, mais détériore hélas l’intéressante étreinte hitchcockienne qui précède en basculant le film dans un dénouement bien plus fantaisiste, probablement soumis au dogme hollywoodien du film d’action au happy-end obligatoire de l‘époque.