Dans la peau d'une possédée

Parce que leurs parents ne sont pas venus les chercher pour les vacances d’hiver, Rose et Kat sont retenues dans une institution pour jeunes filles où elles suivent leurs études. Ailleurs, une fugueuse, Joan décide de s’y rendre. Au fur et à mesure qu’elle s’en rapproche, Kat est assaillie de visions terrifiantes et Rose voit avec horreur sa camarade devenir possédée par une force invisible et maléfique...
Moi qui suit la presse spécialisée pour savoir et connaître tout ce qui va sortir en matière de ciné horrifique, je dois dire que je me suis pris une bonne grosse claque avec ce film découvert au festival de Gerardmer.
C'est un film très malin qui ne prend pas le spectateur par la main mais au contraire le laisse seul résoudre les nombreuses énigmes qu'il peut amener à se poser.
J'ai aimé avoir été chamboulé dans mes repères (à quelle époque ça se déroule? Quel est l'ordre de tout ses flashbacks? Quel est le lien entre les 3 nanas? Quelles sont les intentions de certains personnages? Pourquoi une nana fait des crises chelou de somnambulisme dans une cave, tard le soir?)
Le film pose plein de question, nous hypnotise avec son rythme lent et son ambiance froide, sous pression avec cette violence qui tarde à imploser. Et quand elle débarque: oulala ça fait mal.
Les meurtres au couteau sont hyper cash et filmés de manière très crue et réaliste. J'ai cru ressentir le bruit des os se briser sous les lames tellement la bande son est bien foutue!
C'est surtout le malaise que procure la possession d'une des actrices (Kiernan Shipka, toute mimi ou bien carrément flippante) qui m'a marqué. Car en prenant le parti de suivre son point de vue en milieu de métrage, le réalisateur nous met dans sa tête et nous fait entendre la voix du mal qui l'influence et la force à tuer tout ce qui l'entoure. On comprend alors qu'elle est "ailleurs" peut importe ce qu'on lui dit ou ordonne d'arrêter de faire. Son changement de teint est radical et effrayant.
Mention spéciale aussi au "Sheitan" qui m'a vraiment fait son petit effet. Il aurait pu paraître grotesque si il avait été fait en latex (je pense au cochon "d'au service de Satan") ou grillé si c'était en CGI (je ne compte plus les exemples sans âme ni relief ). Là, il s'agit d'une simple ombre à corne planquée dans un coin qui fout vraiment les jetons quand il est "présent".
Au final, c'est un film qui peut en décontenancer plus d'un de par sa structure désordonnée et son intrigue brouillonne. Mais une fois que l'on est plongé dedans, que l'on comprend la sensibilité de certains protagonistes, on ne peut qu'être touché par ce petit film d'horreur anticonformiste, sorti de nulle part.