Feedback est un film qui met sur le fil du rasoir dans les premières minutes pour une raison très simple : ses personnages principaux sont des chantres du politiquement correct à la radio qui passent leur temps à surfer sur les sujets polémiques à la mode en insultant leurs détracteurs et en assénant leurs opinions comme des vérités indiscutables. Je m’apprêtais à régler la question d'un 2/10 bien senti quand les harceleurs commencent enfin à troller, et quand on voit leur look de néo-nazi fin de race, on se dit que le film a déjà tracé le cap, et qu'il ne nous reste plus qu'à nous divertir du concours de mauvaise foi et de filsdeputerie que le casting va déployer devant nous. Piètre divertissement en perspective, sans grande originalité ni audace. Et dans sa première demie-heure, rien ne contredit ce cap, qui nous assène de la politique d'opinion avec la gratuité de la violence sensée discréditer le camp adverse (ou s'en délecter en toute régression, à ce stade de mauvaise foi, rien n'empêche le public d'être à la hauteur du film). Mais très vite, la situation se renverse, et incroyable, sans usage de twist, le film parvient à renaître en s'aventurant sur une toute nouvelle piste, beaucoup plus stimulante, ayant trait aux motivations de nos bourreaux de service, moins politisés que prévu.
Difficile d'en dire plus à ce stade sans spoiler l'intrigue, car Feedback contient une grosse surprise sur son thème central, caché derrière l'approche politique comme son protagoniste principal. Disons qu'on se retrouve dans une dynamique proche de Hard Candy, avec bien davantage de pression.
Pour ceux qui n'ont pas peur du spoil, voici le rebondissement : les preneurs d'otages sont des victimes désespérées que la justice a abandonné et qui se retrouvent à essayer de rendre publiques leurs malheurs auxquels les animateurs seraient liés. La thématique est rendue passionnante par l'absence d'éléments autres que les témoignages des différents personnages et leur hargne qui les entrainent régulièrement à des débordements de violence pas toujours propres ou appropriés. C'est cela qui rend finalement le film passionnant, tout le monde est sali dans l'affaire, et toujours le doute demeure.
Et le résultat fonctionne alors très bien, la tension gagne et on cherche sans arrêt le détail qui trahira le/les mythomanes qui mentent pour couvrir leurs arrières ou assouvir leurs fantasmes. Jusqu'au final, le film remonte alors clairement dans l'estime, abandonnant toute revendication politique pour s'axer sur le drame et la tension d'une telle situation de prise d'otage en direct. Hélas, la fin, qui se veut glaçante, est surtout terriblement frustrante. Car après une telle accumulation de tensions, le spectateur s'attendait à un final qui pourrait rétablir une certaine justice. Le film se termine plutôt mal de ce point de vue, et cet écueil laisse hélas un goût amer. Au vu de la situation et du côté cathartique du protagoniste, voir sa situation finale a de quoi profondément frustrer.
Bilan mitigé donc, pour un film qui va du pire au meilleur, se révèle frustrant, passionnant, agaçant... Les partis pris sont tranchés et le huis clos fonctionne, c'est déjà la base qui reste assurée, et qui fournira donc un spectacle inhabituel, plutôt intéressant pour son scénario évolutif, malgré l'absence de réelle originalité. A noter la petite performance de Richard Brake, moins manichéen que dans ses autres rôles d'antagoniste.