Le « Roman Porno » peut tout traiter. Toshiya Fujita, sur un thème dur tiré du livre (que je n’ai pas lu) « Yokohama Zangetsuroku » de Mako Minato, tout en respectant les codes et formats de la Nikkatsu arrive à faire un film fort sur une jeunesse à la dérive. Il dresse un portrait d’une fille mineure, violente et terriblement humaine. Ici, aussi les filles reçoivent des baffes des garçons, mais cette fois-ci, elles les redonnent à ces êtres miteux (remarquable Yûya Uchida) ou incapables d’être en cohérence avec leur image. Hiroshi Idekura signe un scénario cohérent, le montage est vif. La vie dans cette ville portuaire guère engageante est bien restituée. Tayori Hinatsu incarne parfaitement toutes les dimensions de cette Mako qui a trop vite vécu. Megumi Ogawa (Naoko, la rivale en délinquance) et Tokuko Watanabe (la femme du fonctionnaire) n’ont qu’un rôle secondaire. On retrouve bien ce qui fait la force du réalisateur : ces personnages sont essentiellement humains, des êtres dont on perçoit la chaleur qu’ils dégagent. Le film, malgré son sujet n’est pas glauque mêmes si la violence, la drogue, la difficulté de survivre sont présentes dans leur réalité. Il mérite le détour.