"La femme ne peut pas avoir le même plaisir que l'homme, sinon elle ferait ce qu'elle veut", s'explique à peu près un partisan de l'excision lors d'une scène collective. Difficile de défendre une telle tradition, y compris quand on y répond avec le plus grand naturel, si ce n'est en dévoilant cette crainte du sexe opposé. Si le documentaire de Dani Kouyaté et Philippe Baque se contentait de cet axe, il serait édifiant, dans le bon sens du terme. Or il laisse également la parole à un médecin chargé de réparer les dégâts causés par cette pratique. De mémoire, cet homme est le premier à pratiquer une telle opération. Il en a d'ailleurs fait sa spécialité, affirmant toujours davantage une conviction qui est aussi une évidence : l'excision demeure un acte d'injustice, et une sexualité épanouie un droit comme un autre.
Plus loin, Femmes, entièrement femmes étudie également la récupération par des sectes de mouvements contre l'excision, reprenant à leur compte de nobles arguments pour les détourner. Fausse bonne idée, néanmoins, de rythmer le film par des parenthèses ouvertement théâtralisées, dialogues très écrits à l'appui ; en fait une scène plongée dans le noir où des spots éclairent de vraies excisées racontant leur histoire. Pas très bien "interprétés", les témoignages n'y perdent heureusement pas en force. Y compris celui évoquant cette grand-mère chargée de l'opération depuis des lunes, femme perpétuant le poids de traditions qui, dès l'enfance des futures mutilées, inflige un traumatisme dont ce poignant documentaire donne un aperçu des conséquences psychologiques et sociales.