Un photographe, la jambe plâtrée, est coincé dans son fauteuil. Sa seul occupation: épier ses voisins. Premièrement je me suis demandé de quelle façon Hitchcock allait mener son intrigue avec un personnage principal condamné à l'immobilité...C'était sans compter sur un James Stewart têtu, et une Grace Kelly bien téméraire sous son apparence de blonde lisse. Et n'oublions pas Wendell Corey hilarante, car oui, on ri aussi!
Là où Hitchcock est maître, c'est bien la "direction de spectateur" , à coup d'effet Koulechov, ce génie du septième art, matérialise la pensée de Jeff qui devient notre. Ainsi, le spectateur, visualise et comprend l'histoire qui se trame, uniquement, par la vision de Jeff. On se prend au jeu de trouver le vrai (ou le faux) coupable, on cherche,on traque le moindre indice susceptible de dénouer l'affaire.
Mais au delà des très bons acteurs, et d'une énigme rondement menée, c'est un tableau animé d'un petit monde que le réalisateur peint. Car en effet, la façade d'immeuble qu'observe Jeff a une fonction de miroir : tous les personnages agissent de façon à lui rappeler les tumultes de l'amour ( La femme du rez-de chaussé seule à en mourir, la danseuse qui papillonne d'homme en homme, le musicien malheureux, les couples qui se disputent...) et le conforte dans l'idée de ne pas épouser Lisa. (c'est , en somme, ce que disent Truffaut et Hitchcock)
Et puis, certains détails viennent renforcer la tension du film: au début on nous indique que c'est l'été, puis quand la chaleur se fait de plus en plus écrasante, insupportable c'est à ce moment là que le suspense est lui aussi intenable, paroxystique...Et à la fin, au dénouement, l'air est plus frai, comme apaisé.