Ou "le voyeurisme à son paroxysme". Hitchcock nous présente un film (son meilleur, de ce que j'ai vu pour l'instant) avec un scénario très simple : un homme s'ennuie et découvre des phénomènes étranges en espionnant ses voisins.
L'accroche est facilitée par la place du personnage principal : James Franco, qui s'amuse beaucoup dans ce rôle, est un spectateur, tout comme nous. Il observe les scènes de ménages et nous fait part de ses déductions. Son histoire à lui, finalement, est peu abordée, et il ne prend même pas tellement la peine de bouger durant le film.
Et cette façon s'aborder le voyeurisme... Si au début il s'agit plutôt d'observations contemplatives qui relèvent plutôt d'une fascination à la vue de toutes ces personnes si différentes avec leurs habitudes de vie qui fourmillent dans l'immeuble, on tombe rapidement dans de l'espionnage malsain, intéressé, que les autres personnages renient. Mais enfin, une fois que le point d'amorce est trouvé, ils finissent par s'y intéresser, et même par s'investir à corps perdu dans cette histoire.
C'est finalement assez représentatif d'un état d'esprit très humain, en fait. On ne comprend pas ce qui se passe chez l'autre, alors on se mêle de ce qui ne nous regarde pas et on opère dans l'ombre. Il n'y a qu'à voir aujourd'hui le nombre de personnes qu'on voit filmer dans la rue la moindre scène inhabituelle, en n'étant pas cachés derrière leurs jumelles, cette fois-ci, mais derrière leur téléphone portable.
Toutefois le film ne nous accuse pas de voyeurisme, il constate simplement une tendance commune. Mais après-tout, peut-être est-ce dans une même idée, cette fois-ci plus accusatrice, qu'est abordée la thématique du voyeurisme 20 ans plus tard dans Salo ou les 120 Journées de Sodome ? Pourquoi pas, je trouve l'approche assez similaire.
Et puis la façon dont Fenêtre sur Cour est filmé, avec ces travellings dans tous les sens, révélant un à un les personnages, toujours à travers des fenêtres ouvertes/entrouvertes/fermées, esthétiquement ça rend super bien. Au début, le film nous plonge littéralement dans l'ambiance en ouvrant des volets durant le générique, puis en postant la caméra à la fenêtre avant que le film ne commence.
Je pense comprendre pourquoi Sueurs Froides ne m'avait pas tant plu... Parfois, il vaut mieux faire dans la simplicité, et ici - comme dans La Corde - on a un huis clos avec peu de personnages, une intrigue très simple mais qui engrange quand même pas mal de suspense et de doute.