Fenêtre sur cour par ngc111
Avec trois fois rien Hitchcock nous sert encore une fois une intrigue passionnante ; un photographe immobilisé par une blessure, une aide soignante qui a des idées bien arrêtées sur tout, une relation amoureuse revendicatrice et un voisinage aux comportements variés, routiniers mais intéressants.
Mais la star c'est bien cette cour d'immeuble, formidable espace clos où les fenêtres ouvrent sur des mondes tristes (la vieille fille alcoolique), naissant (le nouveau couple), enjoués (l'artiste), aguicheurs (la danseuse) ou suspicieux (l'homme qui sort en pleine nuit et sa femme alitée jusque là qui a disparu).
Ces mondes évoluent pendant le film, la vieille fille tente de se suicider, l'artiste trouve de l'inspiration et une fête s'organise chez lui, le couple des nouveaux locataires bat de l'aile ; le cadre lui reste inchangé.
On a toujours ce jardin au rez de chaussée, cette angle de vue très réduit sur une rue où se trouve un restaurant/bar. On est fermé à l'extérieur tandis que l'intérieur ne cesse de vivre (au sens propre et figuré) et meurt parfois (au sens propre).
L'humour pince sans rire des dialogues entre le photographe et le détective, les bavardages incessants de l'aide soignante, le charme de Grace Kelly et le suspense bien mené donnent l'enrobage nécessaire à la tenue d'un très bon film, à la teneur de classique. La simplicité est souvent l'apanage des grands films et Hitchcock nous le prouve une nouvelle fois.
La réalisation est bien évidemment parfaite, le travail sur l'éclairage notamment tient du génie et l'on ne cesse de se régaler plan après plan.
Cette fenêtre sur le voisinage, sur un échantillon d'humanité(s) tient bien la durée et s'imposera d'ailleurs comme une œuvre majeure d'Alfred Hitchcock. Chose amplement méritée !
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