Ferdinand
6.1
Ferdinand

Long-métrage d'animation de Carlos Saldanha (2017)

Ferdinand, c’est une tonne d’amour ! Et forcément, Ferdinand, c’est un tonne de tendresse. Par contre, "Ferdinand", c’est une tonne de fun. Chers lecteurs et chères lectrices, avant de voir le nouveau Carlos Saldanha, tout en tenant compte de la bonne critique dans son ensemble, sachez que je me voyais déjà dire que "Ferdinand" n’avait qu’un seul tort : c’était d’être sorti juste après le dernier Disney/Pixar, "Coco", même en sachant que les deux produits allaient être différents.
Le fait est qu’ils sont complètement différents. En effet, hormis la présentation d’une tradition relative à un pays étranger, la comparaison s’arrête là. Pour commencer, ici on ne rentre guère dans les détails de cette coutume. Bref ! Déjà, dès les premières images, on peut remarquer le détail du dessin, avec des fleurs en passe d’être butinées par une abeille subitement emportée par les tourbillons d’un impromptu appel d’air. Belle entrée en matière qui plante tout de suite les bases de l’adaptation au grand écran du conte pour enfants, déjà décliné en court métrage par les studios Disney en… 1938. Sauf que cette fois, ce sont les studios Blue Sky qui s’y sont collés.
Après la calotte glaciaire puis les Caraïbes, Carlos Saldanha nous emmène en Espagne. Avec une bande-annonce de qualité, (eh oui, je n’ai pas pu y échapper), on se prend à croire qu’on va vivre un moment d’animation plein d’émotions. Eh bien la vérité est que… il y a de l’émotion. Et je dirai même pas assez.
La place était pourtant large (sans mauvais jeu de mots, bien sûr). La préférence a été donnée au fun. Du fun, on n’a rien contre, surtout quand il est utilisé en deçà de la limite du raisonnable. Ici, il atteint la limite. Mais alors la limite de chez limite. L’avantage est que ça prend à contre-pied les attentes du spectateur pour mieux le surprendre. Celui-ci (enfin en ce qui me concerne) ira même jusqu’à craindre à un moment donné que ça ne sombre dans le grand n’importe quoi. Pour exemple, je citerai la rivalité qui règne entre des chevaux tournés à la caricature et les taureaux. Mais au lieu de se contenter de ça, un cap supplémentaire est franchi en improvisant une battle de… de… ben vous verrez bien, mais ça donne un des meilleurs moments de rire. Et quand je dis (depuis longtemps, d’ailleurs) qu’on peut tout se permettre en matière d’animation, la preuve en est donnée encore ici. Et ce côté un petit peu foufou nous permettra d'apprécier de façon jouissive de voir comment la corrida a été tournée en ridicule.
A contrario, il demeure des choses un peu too much comme cette chèvre qui fournit un pot musical. Je veux bien que les chèvres mangent de tout et n’importe quoi, mais il ne faut pas exagérer non plus. Le fun a donc aussi son inconvénient, surtout quand il prend une place ne serait-ce qu’un peu trop importante.
Car au final, la dimension émotionnelle s’en trouve légèrement sous-exploitée, et j’avoue avoir la fâcheuse tendance à penser que la relation qui unit Ferdinand à sa famille d’accueil (en particulier la petite fille) aurait mérité d’être davantage développée. Mais bon, là ça n’engage que moi, tout comme le reste de cet avis d’ailleurs.
Quoiqu’il en soit, "Ferdinand" plaira indéniablement à un large public, surtout aux plus jeunes d’entre nous grâce à son côté un peu fantaisiste. Le résultat est visible dans la note donnée par les internautes cinéphiles. Alors pourquoi se priver d’un tir de missile adressé à la corrida, d’autant plus que dans le même temps l’appel est lancé au bon sens, à l’esprit de cohésion, et à la solidarité ? Point de vue animation, les studios Blue Sky n’ont plus rien à prouver : le savoir-faire est là. L’animation est fluide, le rythme est maîtrisé, et met en avant la grande délicatesse d’un énorme taureau. Et c’est là aussi que "Ferdinand" réussit son incroyable pari : c’est qu’il a réussi à intégrer de la douceur dans un monde de brutalité, et ce avec beaucoup d’humour.

Stephenballade
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le 28 févr. 2021

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Stephenballade

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