Malgré un sujet précieux et - a fortiori - nécessaire le réalisateur nivelle son film vers la médiocrité... la faute à un surlignage permanent doublé d'une absence quasi-totale de nuances et de contrepoint ! Tout ( ou presque ) dans ce Féroce est appuyé, forcé, caricaturé et caricatural.
Reprenons : nous sommes en France. Un jeune beur revanchard trouve le moyen d'infiltrer la cellule politique d'un candidat d'extrême-droite à des fins criminelles. Pour ce faire il se fait engager en tant que garde du corps dudit facho, quitte à essuyer l'abandon de ses proches et de ses amis. D'abord déterminé à éliminer la cible qu'il est censé protéger il finira par s'acclimater à cet environnement raciste, jusqu'à tomber amoureux de la fille de son patron...
Bon. Disons que sur le papier Féroce promet de belles choses, à commencer par l'ambivalence idéologique du personnage principal ; un pitch qui témoigne d'enjeux plus ou moins solides, un contexte culturel lié à l'actualité politique du moment ( le film sortira dans le courant du mois d'avril 2002, seulement quelques jours avant les résultats du premier tour des élections présidentielles...). Bref : les intentions premières sont louables et loin d'être timorées compte tenu de la conjoncture. Hélas Gilles de Maistre conduit son récit à grands renforts de dialogues expliquant ce que nous (s)avons déjà sous les yeux, paraphrasant littéralement son film de peur d'égarer son public. Les personnages manquent d'épaisseur et sont tellement mal incarnés qu'on a peine à croire à cette sombre histoire de groupuscule extrémiste et de faux-semblants. La palme du ridicule et du mauvais goût revient incontestablement à Samy Nacéri, puant de haine et de comique involontaire...
Par ailleurs j'ai rarement entendu une musique originale aussi inutile et encombrante, musique heureusement rattrapée par les quelques compositions de Joey Starr. La mise en scène reste finalement assez fonctionnelle et ne dépasse jamais son sujet, le réalisateur se contentant de vomir une diatribe unilatérale à l'encontre du Front National, renommé pour la forme "Ligue Patriotique". De quoi faire de la peine à Jean-Marie.