Papy Driver

Au-delà du saut de foi lié au miscat (nationalité, âge, physique, carrure...) d'Adam Driver (plutôt juste dans l’absolu) et de ce casting italien (+espagnol avec une Penelope Cruz convaincante) jouant dans la langue de Shakespeare, le souci de "Ferrari" tient surtout à son intérêt.

Ni convaincant dans le genre du film sportif (quelques courses sont tout de même plutôt bien filmées, Michael Mann oblige) avec des enjeux faibles (un deal de Ferrari avec Fiat pour assurer l’avenir de son empire et une grande course aux règles floues), ni convaincant dans le drame avec cette histoire de deuil et de double vie bien peu passionnante.

Michael Mann peine à donner du relief au destin de son personnage (peut-être lié au fait de se limiter à une période restreinte?). Nous sommes, loin par exemple, de la densité et de l’épique d’un "Ali" ou de l’humanité d’un "Révélations" qui explorait avec bien plus de justesse les failles de ses personnages. Toujours en rapport avec "Révélations", on se serait d’ailleurs bien passé de la réutilisation d’une de ses musiques phare (Lisa Gerard) lors d'un final plein de pathos.

Difficile de croire qu’il s’agissait d’un projet vieux de 30 ans pour Michael Mann tant le cinéaste autrefois bouillonnant semble ici éteint (fatigué ?). La sortie de route est tout de même évitée grâce à un minimum de savoir-faire mais le come back attendu depuis 20 ans ("Collatéral" dernière vraie réussite) n’est pas encore d’actualité.

Par contre cela donne envie de se replonger dans le très réussi "Mans 66" de James Mangold.