Un triangle amoureux et du tennis : pas forcément le sujet le plus engageant du monde. Et pourtant « Challengers » réussit sur quasiment tous les tableaux.
Son parti pris narratif est d’une grande efficacité : toute l’intrigue repose sur une finale pour une qualification à l’US Open, entrecoupée de flash-back, plus ou moins éloignés, pour comprendre les relations entre les 2 adversaires et notamment leurs relations complexes avec une ex tennis-woman. Les sentiments des protagonistes font échos aux différents matchs et échanges qu’ils disputent. La douleur ressentie dans le sport est une quasi métaphore de leurs relations qui se dégradent au fil du temps pour s’approcher d’une forme de toxicité.
Tout en prenant le temps de s’attarder sur ce triangle amoureux et ses différentes ramifications
(dont un début de relation homosexuelle refoulée),
le long-métrage adopte un rythme soutenu (autant que les échanges de balles) avec une mise en scène inventive de Guadagnino qui prend un malin plaisir à exploiter toutes les trouvailles visuelles autours du tennis. Chaque séquence semble réalisée/montée d’une manière différente et accroche le regard (quitte à n'être pas loin du tape à l’œil sur la fin :
l’idée de la balle subjective, légèrement abusée, même si jubilatoire).
Il est également aidé par la belle partition, aux accents électro, pleine d’énergie et d’inventivité de Trent Reznor et Atticus Ross (rappelant les meilleurs moments de « The Social Network »).
Et évidemment difficile de ne pas évoquer les 3 interprètes sur les épaules desquels le film repose : Zendaya n’a jamais été aussi lumineuse et complexe dans son jeu (fini la moue boudeuse de « Spiderman » et « Dune ») tandis que ses 2 amants sont interprétés brillamment par les très prometteurs Mike Faist (seul acteur réellement marquant dans le « West Side Story » de Spielberg) et Josh O’Connor (s’éloignant ici clairement de son prince Charles de « The crown ») qui sont aussi bien complémentaires qu’opposés dans leurs jeux et leurs présences physiques.
Si une petite baisse de rythme peut être notée au 2/3 environ (2h08 tout de même qui auraient légèrement pu être raccourcis), le dernier quart d’heure est jubilatoire :
avec tout d’abord, le « clin d’œil » de Patrick à Art, lors de son service, laissant ce dernier médusé et Tashi dans l’incompréhension. Et enfin le dernier échange est dantesque avec une conclusion grandiloquente mais logique : 2 beaux derniers plans finaux: l’étreinte/réconciliation entre les 2 joueurs et la réaction en 2 temps de Tashi).
Jeu, set et match.