Le nom du fils
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Enzo Ferrari fut un homme passionné par cette jolie diva de la piste. Ce magnifique cheval cabré au caractère jamais rassasié de victoire, et de belle ragazza. Entre dévotion intense et tragédie humaine, s'écrit alors l'histoire d'une silhouette féline qui rugit à chaque courbe qu'elle caresse. Tel un opéra sous le ciel bleu de Modène, accueillant son héros national qui franchit la ligne d'arrivée toujours en vainqueur.
Il commendatore, envouté par sa muse, plein d'audace à la précision d'orfèvre, qu'il dessine, perfectionne avec l'aide de ces ingénieurs. Un parfait mélange de puissance et de vitesse. Un bolide fait pour la compétition automobile. Cette émotion sauvage, teintée de larmes, d'amour, d'ombre et de défi. La magie d'une marque qu'il contemple, qu'il veut voir perdurer. Ferrari, une légende pour la vie.
Qui mieux que Michael Mann, après tant d'année d'absence, pour nous parler de cette élégance à l'italienne. Enzo Ferrari, une star dans son pays, dans un format biographique inhabituel. Une étude de personnage mentalement brisé, qui veut récupérer son héritage.
Au cœur du récit, Adam Driver, un brillant acteur, convaincant dans ce rôle d'Enzo Ferrari, qu'il semble incarner sans effort. Un personnage complexe qui s'enfuit à travers l'éclat de ces trophées. L'ivresse insatiable pour la course automobile qui éclipse sa vie sur le plan personnel.
Face à lui, son épouse Laura Ferrari, interprétée par la volcanique et bien souvent excellente, Penelope Cruz. Un mariage entre haine et désir bestial, une femme dont on ne divorce pas, où bien elle vous tue.
Entre eux, c'est un voyage éclair, une alchimie parfaite. Des scènes à l'intensité brute, couvertes d'émotion, lorsque tous leurs rappellent cette petite étoile filante, qui un jour s'en est allée bien trop loin, bien trop tôt. Un cœur éteint, pour le chagrin d'une vie, qui les a laissés dans cette obscurité sans fin.
Laura Ferrari est une femme meurtrie, en colère, le souvenir d'un visage qu'elle a tant aimé. Perdue sous le poids du deuil, elle s'éloigne, fidèle compagne d'un homme qu'elle ne reconnaît plus.
Des promesses qui s'envolent, pendant que d'autres destins au romance secrète apparaissent. Entre Enzo Ferrari et la douce Lina Lardi ( Shailene Woodley ). Une rencontre qu'il veut vivre au grand jour, maintenant que dans ces yeux se reflète l'arrivée d'un nouveau sourire. Ce trésor, fruit d'une liaison amoureuse qui pourtant ne porte pas son nom.
Michael Mann réussit cet équilibre éclatant, entre la passion professionnelle et l'agitation émotionnelle. Cette course emblématique pour faire survivre la marque, avec des plans si proches de ces voitures à grande vitesse. L'insécurité des pilotes et du public, suivi d'acteurs tous remarquables, gonflés a bloc pour l'exploit.
Un rythme d'une méthode époustouflante, et ce crescendo horriblement tragique, devant l'incertitude et le mystère de ces courses.
Au final, même si Ferrari se détache un peu des conventions biographiques typiques. Un scénario quelque peu inégal, lorsque le film vire par moment dans le monde des clichés de course auto facilement prévisibles. Qui masque clairement le fil narratif plus convaincant d'une relation et d'un mythe en ruine. Cette déception n'enlève en rien la qualité de ce tableau d'ensemble. L'exploration reste toujours intéressante, un personnage aux prises simultanément avec la perte, l'ambition, cette difficile course au destin. Ces liens passionnés, et ce passé qui résonne, comme le symbole à jamais gravé sur cette voiture mythique.
Créée
le 1 févr. 2024
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