Ferrari
5.9
Ferrari

Film de Michael Mann (2023)

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Ferrari : Jusqu’où peut-on aller pour entrer dans la légende ?

Après s’être intéressé à des personnages de l’Histoire américaine dans Ali et Public Enemies, Michael Mann décide de poser ses caméras pour la première fois en Italie pour mettre en lumière les zones d’ombres d’un Enzo Ferrari à un moment crucial de son existence, autant au niveau personnel que professionnel.


Avant même d’aller découvrir, par chance, ce film dans le cinéma Callao de Madrid, j’ai pu m’attarder sur les similitudes avec l’affiche d’Ali où le titre mentionne le nom du personnage en lettres rouge, entouré de noir, montrant une photo de l’univers sportif que nous allons voir en bas de l’affiche. Mais là où est la véritable différence est la présence féminine de Penelope Cruz derrière l’imposant Ferrari où Adam Driver disparait derrière les traits et les lunettes noires de son incarnation. C’est une première sur une affiche d’un long métrage de Michael Mann tout en montrant l’importance de la femme dans l'intrigue. J'exprime mon extrême déception concernant l’affiche française ne mentionnant ni le cinéaste, ni le casting mais seulement en lettres blanches Amazon Exclusive, tout en haut de l’affiche.


Alors qu’un peu plus de 20 ans nous sépare de l’affiche d’Ali, on voit bien que le film est devenu plus un produit de consommation proposé par un SVOD ou un studio (Coucou Marvel Studios !!!) qu’une œuvre d’art. La pandémie avec la fermeture des salles n’a fait qu’accélérer ce processus néfaste dans la perception des films. Le public devenant plus cinéphage que cinéphile entraînant encore plus une addiction des petits écrans au détriment du grand écran.

Malgré ce que je viens de dire, Mann a réussi à conserver son style en s’attachant à son personnage, tout en décrivant son univers mental et le monde réel avec lequel il interagit. Cela relève presque de l’exploit aujourd’hui, montrant à quel point tout est nivelé par le bas uniquement pour des raisons financières.


D'ailleurs certains effets spéciaux ne sont pas très réussis notamment lors d’un essai automobile gâchant l’impact souhaité sur le spectateur. Pour les fans des voitures de courses, ils devront prendre leur mal en patience et attendre une bonne partie du long métrage pour les apprécier pleinement jusqu’à un climax saisissant sur grand écran.


Nous assistons, également, à un revival de la carrière de Docteur Mamour, déjà présent dernièrement dans le Thanksgiving d’Eli Roth. Pardon ! Je voulais dire de Patrick Dempsey en pilote de course professionnel et talentueux.


Après House of Gucci, Adam Driver nous livre une prestation habitée d’Enzo Ferrari en homme marqué par un drame personnel et la volonté acharnée de faire entrer quoi qu’il en coûte la marque Ferrari définitivement dans l’Histoire pour la postérité, bien au-delà de la Botte. Ce traitement pourrait rebuter plus d’un spectateur mais Mann arrive par sa mise en scène à transcender le côté antipathique de cet homme (et même de ce père) ayant fait des choix radicaux dans son existence.


Brillant par son absence sur l’affiche, Shailene Woodley joue son amante pleine d’attention, radicalement différente de l’enquêtrice incarnée dans Misanthrope ayant eu son petit effet sur le public en 2023. Cela lui permet d'interpréter une femme aimante pour sortir de son dernier personnage très sombre. Pourtant, elle se fait éclipser par la présence magnétique de Penelope Cruz, en épouse défendant ses intérêts personnels. En effet, ses apparitions ne sont pas sans effet sur la psychologie de Ferrari, l’impact et le devenir sur l’entreprise familiale. Elle a même droit à sa scène oscarisable, tout comme Adam Driver, lorsque vous les découvrirez.


La photographie très soignée magnifie l’architecture des monuments et la beauté des campagnes italiennes notamment lors de la célèbre course : Mille Miglia.

Après comme toujours, il y aura des spectateurs qui resteront sur le bord de la route et finiront par le descendre, en restant nostalgiques des génialissimes Heat ou Collatéral. Cependant, j’admire Mann car, depuis toujours, il est resté fidèle à ses choix artistiques, malgré le succès relatif au box office de ses œuvres, tout en essayant de se diversifier dans le traitement de ses personnages principaux masculins. Ce n’est pas pour rien qu’il fait partie de mes réalisateurs préférés.


Il serait donc dommage de passer à côté de ce Ferrari nous confirmant tout le talent d’Adam Driver. Son investissement a été vraiment important au point d'en devenir un des producteurs. Cette implication fait plaisir à voir, nous montrant à quel point son 65 était un faux pas…


Conclusion :

Au-delà de la marque, de l’homme, Michael Mann s’interroge sur la transmission familiale d’un état d'esprit, d'une philosophie, d'un savoir, d’une entreprise. Et ceci malgré les difficultés traversées et le prix parfois qu’il en coûte pour rester au sommet, selon sa perception que l’on a de sa réalité, au détriment des conséquences historiques que l’on peut retrouver dans les livres. Ce biopic essaie de montrer Enzo Ferrari dans toute sa complexité, sans occulter ses zones d’ombre et celle de sa famille.

Hawk
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le 2 mars 2024

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Hawk

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