Il y a une grande maison, des papiers peints, des motifs floraux de couleur orange sur le carrelage de la salle de bain, les fourchettes sont à gauche, les couteaux à droite, le vin est carafé et au milieu s'engueule une famille. S’entretue, ce serait peut-être un peu fort, mais s’engueule, c’est sans doute un peu faible.
A table, on mange une poularde en croûte de sel - comme y’a plus de gingembre, on a mis de la coriandre - et au dessert, on sert des déclarations d’amour aux quatre vérités à la cheffe de famille. Le pain est bon, mais plus pain dans la gueule ! que baguette tradition.
On a déjà vu ça mille fois. Et alors ? On a bu du Bouzy mille fois (*) - hélas, c’est une image - et on voudrait que ça s’arrête ? Si je pouvais écrire les sujets de bac de philo, je proposerais : peut-on imaginer deux mots plus différents que deux synonymes ?
Il y a du Cassavetes dans ce film, et du Pialat peut-être – les spécialistes me corrigeront. Il y a du Cédric Kahn en tout cas. Je sais de quoi je parle puisque j’ai vu au moins un film ou deux de lui. Comme d'hab, ce réalisateur m’a baladé de la folie douce à la folie furieuse : son film, semble-t-il, est drôle et bouleversant puisque j’ai beaucoup ri et beaucoup pleuré.
A noter : la salle était en pente douce. Je me suis assis au septième rang, au bord d'une des deux allées transversales, je pouvais étendre mes jambes - pas mal ! Les pubs étaient assez marrantes et la bande annonce de La vie scolaire plutôt appétissante. Je n’ai même pas éteint mon téléphone. Il a vibré et ça n’a dérangé que moi.
(*) Le Bouzy, comme chacun sait, est un vin rouge qui vit au milieu des vins de Champagne.