Sur la couverture, Onfray est écrit gros. Aussi gros que cosmos. C'est normal. Ce livre prouve aux fous qui en doutaient encore que Michel Onfray est un philosophe de poids - le poids d'un cosmos. Le fait que je n’ai pas réussi à aller au-delà du titre, à la limite, c'est un détail. En plus, sans le bandeau « Vers une sagesse sans morale » (voir ci-contre), j’aurais peut-être essayé de lire une phrase. Mais ce bandeau, quel dommage, je l’ai trouvé un peu moralisateur: Michel Onfray n'a sans doute pas les éditeurs qu'il mérite.
Michel Onfray, c’est mon philosophe préféré. Ma tartelette aux fraises. Il est grâcieux. Il porte de belles lunettes. Il a inventé plein de concepts géniaux qui ont révolutionné la philosophie. Il est plus important que Platon, Descartes et Kant réunis. Et il fait l’amour aux mots, il leur fait des trucs spéciaux ; les mots grimpent aux rideaux avec lui. Le mot cosmos, par exemple, quand c'est Michel Onfray qui l’utilise, devient beau, fort, long, plus long que anticonstitutionnellement, plus long que masseur-kinesithérapeute ; Michel Onfray est un magicien. Et quand il dit air, on dirait de la terre. Et quand il dit désir, on dirait une pantoufle.
Michel Onfray et la philosophie sont dans un bateau : Onfray tombe à l’eau, le bateau va s’acheter une perceuse – une Bosh – et se fait des trous dans le fond jusqu’à ce que naufrage s’ensuive.
Quand j’ai vu le livre de Monsieur Onfray, l’épaisseur, j'ai naturellement pensé : « Avec tout ce qu’il doit écrire, ce pauvre Monsieur Onfray doit manquer de temps. » Et en me disant cela, vous l'avez compris, je pensais à ce que Voltaire écrivait à la marquise de Deffand : « Pardonnez-moi, Madame, je n’ai pas eu le temps de faire plus court ». Mais j’ai réfléchi un peu, car Michel Onfray est un auteur qui fait réfléchir, et je me suis dit « Il faut bien ça. »... Une page pour papa, une page pour Wolfgang Amadeus Mozart, une pour la langue de bœuf sauce madère, une pour la modestie, une pour Macron (il est contre), une pour les couchers de soleil (il est pour), une pour Socrate et son fameux « Je sais que je sais ça aussi » : on arrive vite à 528 pages.
Ecrire du mal de Michel Onfray, c’est pas bien. Je suis sûr qu’Internet est déjà plein d’internautes qui disent du mal de Michel Onfray. Peut-être même que Michel Onfray a dit du mal de Michel Onfray. Du coup, permettez-moi de relever quelques-unes des qualités rares qui font le grand homme :
1. Michel Onfray n’a jamais menacé personne de faire une roulade arrière (à ma connaissance en tout cas).
2. Michel Onfray est très discret et très souriant.
Et j’en passe…
Nota-bene : Witold Gombrowicz, un auteur forcément moins génial que Michel Onfray, a aussi écrit un Cosmos – Kosmos en vérité – que j'avais fini sans peine. De quoi ça parlait déjà ? J'ai un peu oublié. Il était question d’un oiseau mort je crois.