Fils et petit-fils de berger, Petar suivra la même voie, naturellement, sans se poser de questions. Kamen Kalev, dont on avait pu apprécier Eastern Plays, son premier et meilleur long-métrage, a construit un triptyque autour de son grand-père auquel il n'a jamais pu soutirer la moindre information concernant son existence pastorale. Ne pas s'étonner donc que Février soit un film aussi chiche en dialogues et contemplatif jusqu'à l'excès, évoquant trois âges de Petar : enfant aux champs, jeune adulte au service militaire et vieillard entouré de ses brebis, de son âne et de ses chiens. Pour Petar, le bonheur était dans le pré, autre manière de dire que le déterminisme a parlé dans son cas, à suivre l'étoile du berger. Dans le premier tiers du film, il ne se passe strictement rien et le peu qui se produit par la suite semble de ce fait presque palpitant. Kalev ne fait pas cependant pas beaucoup d'efforts pour nous intéresser à une existence sur laquelle il y avait effectivement peu à dire mais où il aurait suffi d'un tout petit plus pour qu'on se laisse emporter au moins par les images de la Bulgarie rurale. Sauf qu'à certains moments, le cinéaste semble insister sur le fait qu'il est aux commandes d'un film d'auteur, avec un A majuscule, à ne pas prendre à la légère avec notamment sa voix off occasionnelle et poétique, forcément. Certains spectateurs (exigeants) seront sans doute sensibles à l'atmosphère et au rythme de Février et franchement, on est heureux pour eux, déçu de ne pas avoir pu partager le même sentiment.