La belle surprise de ce Fifi relève de son écriture à la fois modeste et efficace, et surtout de la thématique amoureuse qu’il choisit de privilégier : la présentation de la famille de Fifi dans les premiers plans pourrait laisser imaginer un scénario basé sur l’écart de classes sociales. C’est pourtant vers quelque chose de plus rohmérien et atmosphérique que le film tend. Céleste Brunnquell et Quentin Dolmaire incarnent deux personnages touchant de sincérité et de simplicité dans les actions qu’ils entreprennent pour se rapprocher mutuellement l’un de l’autre. Le petit suspense qui s’installe au fur et à mesure de leurs premières rencontres nous rend vite accro au destin des deux jeunes et de leur relation dont le caractère éphémère n’a rien d’évident. C’est une parenthèse estivale qu’on croque sans trop se poser de question, avec certaines séquences plus ou moins longues qui n’oublient jamais de laisser s’exprimer les silences et les émotions. Oui, le personnage névrosé et complexé de Quentin Dolmaire pourrait presque sembler caricatural dans certaines paroles. Mais la polarité avec celui de Céleste Brunnquell le rend très vite attachant, finalement pas si éloigné de son rôle dans Trois souvenirs de ma jeunesse (mystérieux, honnête et clivant). Les passages les plus intimes flirtent avec un romantisme qui ne dit jamais son nom, où la rationalité semble toujours primer mais où l’en sent néanmoins le sentiment amoureux diffus et jamais invisible. Les réalisateurs ne filment pas toujours les deux personnages ensemble mais aussi seuls : je retiens cette magnifique séquence lorsque Fifi revient dans la maison de Stéphane et observe les meubles dans un nouveau corps, une nouvelle apparence bien différente du début. Elle semble interroger son environnement du regard pour chercher une voie et prendre une décision, avec un air moins assuré qu’on lui connaît bien. Très beau film qui montre que le doute et la certitude sont finalement toujours complémentaires pour faire naître et évoluer un sentiment amoureux.