Note : Cette critique date d’un certain temps, aussi je n’adhère pas aux remarques véhémentes, d’une violence naïve, que j’adressais au film. Voyez-y plutôt la fougue un peu bête d’un adolescent qui souhaitait avant tout impressionner son maître de stage, l’innocence d’un jeune cinéphile qui découvrait alors Tarkovski, Godard et Bergman, ne savait faire la part des choses. Bon amusement !
À l’heure où le cinéma hexagonal tourne en rond en quête d’un éternel renouveau, à l’heure où les cinéastes tiennent la figure de prou d’une nouvelle génération prometteuse, c’est vers des films tels que Fifi que les regards critiques se tournent.
La simple vue du synopsis propose en effet un contexte en tout point favorable aux problématiques fortes de notre société : Sophie ( a.k.a Fifi ), perdure dans son existence cloisonnée aux tâches ménagères, aux soucis financiers, et aux multiples conflits intrafamiliaux. Certes, beaucoup critiqueront le manque d’innovation, et on peut reprocher une certaine simplicité quant à la mise en place du récit, mais ici, on recherche avant tout l’authenticité propre à une famille pauvre de banlieue. Car oui, à travers cette narration s’impriment de nombreuses thématiques essentielles : déterminisme social, place de l’art dans l’éducation, et rôle de la jeunesse dans ce capharnaüm ambiant.
La mise en scène refuse tout artifice, synonyme de mensonge, et laisse la part belle à l’authenticité des jeux, des lumières et des sons. On pourrait même distinguer la flamme frêle d’un nouveau néo - réalisme. Mais que retenir de plus ? Pas grand chose.
De Fifi, on critiquera principalement la caractérisation des personnages, trop plate, trop vide. C’est par ce trou béant laissé par le manque de développement que la morosité fait progressivement son chemin. Stéphane, ami de Sophie, tourne brusquement au ridicule dès lors qu’il entame des conversations toujours plus dénudées de profondeur. Les gros plans sur son visage parviennent même à effrayer au vu du néant émotif de son regard. Son arc narratif, demeure, comme à l’image du film, morne, et c’est durant les scènes les plus intimes que la minceur de son personnage atteint son paroxysme, parvenant même à arracher quelques rires de dégoût. Les dialogues, quant à eux, n’arrivent guère à émouvoir et sonnent faux tant sur le fond que sur la forme.
Parlons du fond.
Il n’y a pas de fond. Au - delà des mots et quelques sentiments, le film n’interroge rien. Pourtant, la matière était présente dès le départ. Le long - métrage aurait pu accéder à un statut supérieur en questionnant des sujets aussi variés que l’art, l’amour, la famille…
Mais non, Fifi se contente d’incarner dans la nonchalance la plus totale le matérialisme néfaste de notre société actuelle, en plus de clore son récit sur un point d’orgue négligé.
C’est finalement sans le vouloir, que le film se range dans les colonnes des déchets du cinéma français : ruine intellectuelle, maigreur émotive, néant philosophique.