"Je m'appelle Tyler" ! "Bonjour Tyler" !
J'aime à penser que Fight club est un film qui peut s'assimiler à une séance de thérapie, on ne sait pas trop ce qu'on fait là au début, mais très vite on est pris au jeu un peu contre notre volonté, on éprouve de la gêne quand à savoir s'il est bon de partir, mais après on se rend compte qu'on a bien fait de rester. Car comme une sortie de thérapie, vous n'êtes plus vraiment le même.
Je n'ai jamais éprouvé le besoin de lire le bouquin, car le film se suffit à lui-même, il englobe bon nombre de thèmes, Fincher se charge de les traiter avec finesse et rarement un film n'aura été aussi en symbiose avec son époque. Fight club me prend par la gorge dès les premières minutes, dès le début Edward Norton est d'un magnétisme incroyable et il ne va jamais vraiment se relâcher au cours du film. Brad Pitt n'est pas un acteur que j'adule, mais sous la direction de Fincher (Se7en, Fight club donc, Benjamin Button), il a tout le temps brillé. Bref, difficile de résumer le film en quelques lignes, ses 2h10 passent assez vite mais c'est surtout un nombre incalculable de choses dont on nous a parlé dans cette durée. Le film me bluffe par sa vision de la personnalité, du rapport dominé/dominant, de la perte de soi, c'est magnifiquement traité et en totale harmonie avec un portrait sombre de la société. Fight club est à n'en pas douter un film ultra-glauque, pas seulement dans la sueur et le sang des combats mais bien dans le climax qui se dégage. C'est quand même une dure réalité que Fincher nous envoie à la gueule, la banalité dans lequel nos vies sont enfermés, la crainte mais à la fois le plaisir de devoir se lâcher, la manière dont on peut embrigadés les gens.
Je ne crois pas qu'il soit possible d'être indifférent à Fight club, qu'on aime ou qu'on aime pas. Je bénis ce film pour la manière dont il apporte de la réflexion au spectateur, et puis je bénis ceux qui ont laissés Fincher sur le projet. Je ne cache plus qu'il est pour moi un très grand cinéaste, sa mise en scène est ici brillantissime, parfaitement dans le ton du film et ingénieuse lorsqu'il s'agit d'amener la révélation. Pendant tout le long, des indices étaient présents pour nous permettre de percer cette révélation, mais jamais on nous prend pour des imbéciles, on nous fait pas le coup du "bouh vous n'avez rien vu venir" car je préfère d'autant plus une révélation qui nous paraît foutrement logique en se remémorant des anciennes scènes. Et puis, c'est à la fois intelligent et terrible d'avoir pensé à cela pour expliquer ce pourquoi les personnages sont là.
Mais il est clair que Fight club n'est pas tout public, je ne crois même pas que l'on puisse y être préparé tellement c'est trash et violent à la fois dans la brutalité des combats que dans les propos dérangeants. Mais bon, nous avons quand même là un film authentique, intronisant un personnage aujourd'hui culte en la personne(s) de Tyler Durden.