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Si au collège et au lycée t’avais pas vu Fight Club, t’étais pas in. C’est un peu comme si t’étais pas fan de Pulp Fiction, tu ne connaissais rien au cinéma, et t’étais clairement pas cool. Et je l’admet, j’étais moi-même dans cette mouvance qui portait aux nues l'œuvre provoc’ de Fincher à la fois parce que j’aimais vraiment le film, mais aussi pour rentrer dans le moule (après tout, personne n’avait mes réf aux Blues Brothers). J’ai donc, des années durant, allégrement poncé le DVD qui traînait dans une armoire de mes parents. Et puis j’ai quitté le nid familial, j’ai fréquenté des cinémas indépendants, j’ai regardé des milliers d’autres films, suivi pas à pas l’évolution de Fincher et me suis construit un esprit plus critique, maturant à mesure que les années passèrent. Et comme je l’ai fait récemment pour Sin City, j’ai eu l’envie de revenir sur une œuvre fondatrice de ma cinéphilie.


Mon estime du film en a pris un coup. Non pas qu’il soit mauvais, même mieux maîtrisé que The Game qui sortait deux ans plus tôt, mais plutôt qu’il a perdu de sa superbe au vu de mon développement par rapport au septième art. Que son nihilisme n’est pas aussi percutant qu’il voudrait bien l’être, frôlant parfois le malaise dans son envie d’être branché. Et vient aussi la question du twist final, que j’accepte malgré les nombreux problèmes de cohérence et son inexactitude médicale (dont je me fous pleinement), mais qui me semble aujourd’hui éventé. Dès la première scène, il est révélé par le monologue de Edward Norton, et tout le reste de la péloche dissémine des nombreux indices pas forcément subtiles dans leurs ficelles. Et si le jeune Frak de l’époque s’était laissé berné, je me demande s’il est aujourd’hui possible de tomber dans le panneau pour un spectateur aguerri. Si c’est le cas, alors Fight Club garde son intérêt majeur pour une découverte, mais perd tout de même un sacré morceau de son charme pour un nouveau visionnage. Si ce n’est pas le cas, alors c’est une sacré plantade.


Le film n’est cependant pas dépourvu d’atouts. Si l’agitation qu’il tente de susciter a perdu de son impact, son concept de tabula rasa physique et psychologique pour permettre à celui qui n’est plus et n’a plus de devenir fonctionne toujours. L’humour noir fonctionne toujours, avec de belles trouvailles telles que cet appartement Ikea, cette aliénation de la plèbe prête à se ranger sous l’égide de promesses de lendemains où elle comptera (quitte à assaillir cette même plèbe par effet boule de neige), et un trio d’acteurs pleinement à l’aise dans leur dinguerie dépressive. Formellement c’est léché, dynamique, et toujours au diapason de la déliquescence mentale de Norton.


Fight Club se revoit donc sans déplaisir, mais avec une déception liée à la place particulière qu’il a pu occuper fut un temps. Il a perdu de sa force, tandis que son auteur lui, n’a fait que se bonifier au gré de sa carrière.


Frakkazak

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