Le film démarre sur le quotidien du narrateur. Tout d'abord, on remarque que son nom n'est pas mentionné, il fait partie d'une masse d'employés de bureau, de consommateurs (il est fan d'Ikea), son individualité est reniée. Il est insomniaque, et on va voir que la seule chose qui va l'aider à dormir est l'affection. Vivant seul, et exploité par un patron froid, le seul moyen pour lui d'en recevoir est d'aller dans des groupes de soutiens pour les cancéreux. Autrement dit, dans cette société cynique, le seul moyen de partager, d'être aimé par son prochain est d'être dans la misère. Puis il rencontre une fille qui utilise le même stratagème que lui, et c'est là que le film développe ce qui a tout l'air d'une comédie romantique.
Lorsque le narrateur rencontre son alter-ego Tyler Durden, adepte de la philosophie de Nietzsche, ils fondent le Fight Club (club de combats) qui devient un défouloir pour les prolétaires profondément ennuyés et aliénés par le salariat, par l'autodestruction. Ce groupe devient peu à peu une secte, menée par le charismatique Tyler Durden (qui est en réalité la seconde personnalité du narrateur). On est donc passé d'un conformisme imposé par le système, à un conformisme imposé par l'opposition au système (le Fight Club). Ce n'est qu'à la fin que le narrateur retrouve son individualité en tuant Tyler, qui jouait un rôle de professeur et de gourou. Et on a ce dernier plan magnifique où le personnage principal, tenant la main de Marla (la fille du début) assistant à la destruction par bombes des immeubles de la finance. Finalement c'est l'amour qui a vaincu, une relation qui n'est pas basée sur le conformisme mais sur la liberté.
Un film donc profondément individualiste, qui s'oppose à toute forme d'uniformisation de la société. Subversif, dangereux, un chef d'oeuvre qui convient parfaitement à notre époque.