Exercice très difficile que de critiquer Fight Club.Après les deux preuves indéniables de la maitrise de Fincher en terme de thriller plus ou moins policier que sont Seven et The Game, notre réalisateur élargit ses perspectives, à défaut de changer son fusil d'épaule, avec son Fight Club, adaptation du roman éponyme, qui lorgne plus vers les côtes du Thriller Dramatique.Pari réussi ?

Tout d'abord, ce qui frappe, c'est le traitement de l'image assez sombre, qui permet au film de dégager une ambiance un brin poisseuse et nocturne, et une narration qui parvient à tenir en haleine le spectateur jusqu'à ce que le scénario décolle.Situations atypiques, personnages matures, zones d'ombres concernant leurs situations, tout semble de prime abord réunit jusqu'à ce qu'un tournant scénaristique pousse à leurs apogée les point cités ci dessus.Et ce tournant est caractérisé par la rencontre du mystérieux Tyler et le fait que l'appartement du protagoniste campé à l'écran par Norton soit réduite en cendres.A partir de là, le narrateur comme le spectateur se retrouve embarqué dans une aventure aussi lugubre que prenante.

On découvre peu à peu les idéaux de Tyler, sa condition et par la suite, son œuvre, dira t-on.Le Fight club est un mouvement consistant à se battre pour la beauté du geste et l'adrénaline (si l'on peut dire) jusqu'à qu'un relent de mouvement anarchiste, libertaire, subversif, à la limite du fascisme, ne s'accentue et prenne une ampleur mondiale avant d'élargir ses horizons pour mieux confirmer son orientation, son but.Finalement, beaucoup de gens adulent Fight Club pour ce côté dérivé de la morale Nietzschéenne, à laquelle on a collé maladroitement un côté maladroit de l'idéologie du rôle tenu par Brad Pitt.Ce côté est réellement creux, vide, voir vain (finalement comme les "programmes" anarchistes) bien peu subtilement mis en valeur comme en scène et relativement peu maitrisé.Les personnes prétendants s'être vu "ouvrir les yeux" de par cette pseudo morale sont sûrement des esprits fort facilement influençables.

Mais tout ça, ce succédané de philosophie de bistro ratée, ne nuit pas à Fight Club, du moins que si l'on s'obstine à le prendre au premier degré.Son charme réside dans la réalisation maitrisée du réalisateur, dans la prestation des acteurs, les situations (bien qu'improbables) réussissant sur le long terme à accrocher le chalant et le rythme sans cesse soutenu.

Le scénario n'est pas la force du film, tout comme le semblant de morale et les retournements improbables.En effet le cota d'incohérences bat des pleins à la fin du titre en se questionnant un temps soit peu.Tout comme la violence exacerbée, gratuite qui n'apporte ni à l'ambiance ni au but du rejeton de Fincher.Les relations entre personnages, quant à elles, sont suffisamment mises en valeur pour ne pas paraître trop superficielles et pas l'ombre d'une longueur ne se fait sentir.D'un point de vue cinématographique(formel comme intrinsèque) et non d'un point de vue philosophique, Fight Club est une réussite.Mais peut-on réellement blâmer le compère David pour ce fait ? N'ayant pas lu le livre et ne sachant pas si il s'agit ou non d'une adaptation fidèle, je ne m'aventurerai pas sur les sentiers houleux de la comparaison sans connaissance de causes.

Comme cité plus haut, on se prend tellement au film que dès lors qu'arrive la scène finale, on se surprend à jubiler comme un gamin devant le nouveau cadeau qu'on lui a offert pour son anniversaire.Et quel cadeau.En somme, si le long métrage expose clairement des défauts criants, et que Fincher s'écrase lamentablement à l'exercice de transposer un courant de pensées à l'écran, il nous livre une fois de plus un thriller maitrisé, réussi et mené d'une main de maître et se pose définitivement comme un des réalisateurs phares des années 1990-2000.Un film d'exception.
Hurricane
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le 29 déc. 2010

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