Mais qui êtes-vous Tyler Durden ?
1 – Il est interdit de parler du Fight Club
En pensant par rapport au règle du Fight Club, effectivement je devrais m’arrêter là et ne pas vous dire ce que j’ai ressenti à la vue de ce film…mais, on a le droit de déroger à la règle parfois non ?
Fight Club, adapté du livre éponyme de Palahniuk, est le film culte de toute une génération. Une génération, comme il est si bien dit dans Fight Club qui n’a pas eu « de Grande Guerre, pas de Grande Dépression. ». Ce film de David Fincher (Seven, The Social Network) nous offre un conte moderne mêlant folie et réalisme. Guidé par la voix off du narrateur, le spectateur sera plongé dans un film noir et dérangeant dénonçant notre société de consommation.
Le spectateur découvre un personnage dont on n’apprendra jamais le nom : le narrateur du film. Ce dernier vit sa vie de consommateur modèle : il achète toutes les dernières nouveautés d’Ikéa, consomme, et résonne suivant la logique « métro-boulot-dodo ». Soufrant d’insomnie dans sa vie de plus en plus morose, il essaye de se soigner avec des groupes de soutien et fini par retrouver le sommeil. Mais l’arrivé de Marla Singer et Tyler Durden dans sa vie, va la bouleverser. Il va monter avec ce dernier le Fight Club dont la première règle est « il est interdit de parler du Fight Club ». Ce club de boxe clandestin permettra au narrateur, mais aux membres à venir de retrouver leur virilité, leur confiance en soi, leur amour pour leur prochain et de s’éloigner de cette vie de consommation à outrance.
Dans ce film à la beauté dramatique, s’illustre trois acteurs : Brad Pitt, Helena Bonham Carter et Edward Norton. Ces derniers jouent à merveille le rôle qu’il leur est donné à tel point que nous avons l’impression qu’il n’y a qu’un pas entre le mot acteur et le mot personnage. Chaque personne est empreinte d’une folie touchante. Ce trio d’acteur apporte un certain charme au film avec une excellente qualité de jeu. Cette performance est doublée de celle de David Fincher qui arrive à créer un film surréaliste mené en voix off par le narrateur très fidèle au livre de Palahniuk.
Mais ce film est bien plus sinistre avec la réalité douloureuse à laquelle il nous confronte. Il pointe du doigt cette société de consommation qui a bien failli tuer le narrateur. Cette société qui impose un modèle à être, comme dénonce un des personnages quand il dit : « Je plaignais sincèrement les garçons qui s’entassaient dans les salles de gym pour essayer de ressembler à ce que Calvin Klein ou Tommy Hilfiger, leur disaient d’être. » D’ailleurs, Tyler Durden parle si bien de cette société de consommation lorsqu’il déclare :
Je vois ici les hommes les plus forts et les plus intelligents que j’ai jamais vu; je vois tout ce potentiel; et je le vois gâché. Je vois une génération entière qui travaille à des pompes à essence, qui fait le service dans des restos, ou qui est esclave d’un petit chef dans un bureau. La pub nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l’Histoire mes amis, on n’a pas de but ni de vraie place, on n’a pas de Grande Guerre, pas de Grande Dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression : c’est nos vies. La télévision nous a appris à croire qu’un jour on serait tous des millionnaires, des dieux du cinéma ou des rockstars, mais c’est faux, et nous apprenons lentement cette vérité. Et on en a vraiment, vraiment, plein le cul.
En conclusion, ce film mené tambour battant par un trio d’acteur hors-norme – Brad Pitt, Helena Bonham Carter et Edward Norton – dénonce cette société de consommation dans laquelle nous vivons. David Fincher éclaire avec sa caméra un des plus grands enjeux sociétaux de notre époque et nous livre un film dont vous ne ressortirez pas indemne.