la fille capricieuse entretenue était-elle vénale ?...

Ce film franco-italien qui devait s'appeler Traviata 53 a été pour moi une heureuse découverte et même une surprise. N'étant pas un fan, d'opéra, je ne connais pas bien l'histoire qui y est développée, mais sachant que c'est tiré d'une oeuvre d'Alexandre Dumas fils, ne taisons pas un cocorico...
Certes, même l'année 1953 pullulait de films italiens ou coproductions comme le retour de Don-Camillo de Duvivier qui occupait la seconde place du box-office et fit un tabac avec 7,5 millions d'entrées en France.
Le score de "fille d'amour" fut certainement plus modeste : pourtant, même si Vittorio Cottafavi n'était pas connu du grand public et signait plutôt des péplums avant de se laisser séduire par les films pour la télévision, le réalisateur nous livre ici un récit plutôt en avance sur son temps. Trop peut-être.
Le récit peine à démarrer et on se demande comment va évoluer cette idylle entre la protégée d'un riche et cet ingénieur sans le sou sans envergure assisté par un père aisé qui voit la liaison d'un fort mauvais oeil : la dulcinée a vu passer tout Milan...Alors, vise-t-elle la richesse ou l'amour, le vrai ?
Cette comédie dramatique révèle des surprises et un récit qui finit par captiver tant la belle a ensorcelé son amant qui fait ses quatre volontés. Le récit se tient et on n'a aucune difficulté à adhérer à l'histoire, dont la fin surprend.
Et qui permet à l'héroïne amoureuse de montrer tout son talent de dramaturge, même un peu parfois exacerbé. Nouveau cocorico, elle est française et très belle mais je ne connaissais pas Barbara Laage. pas plus que vous peut-être ? Mais quel cabotinage, quel talent : elle a carrément investi son personnage comme si elle était à la comédie française. Mais le reste du casting, tout aussi modeste, ne commet aucune fausse note : on a affaire à de vrais comédiens qui pour une fois, ne déclament pas comme au théâtre. De plus, j'ai vu cette version en VO italienne où les voix n'ont pas été déformées comme c'est souvent le cas lors des doublages...Pas pénible pour autant. Et puis l'italien est facile à traduire comme le mot "provincia" entre autres.
Je parlais de fausses notes, et bien c'est là que le bât blesse. Bon, comme le film est de 1953, le bruit de la caméra ou du projecteur est tel que par moment, ça en devient agaçant ! Un peu comme ces vieux 78 tours fêlés avec leurs "clocs", leurs vois nasillardes, ou encore le dérapage incontrôlé de l'aiguille du phonographe qui persiste à revenir sur le même sillon.. même sillon, même sillon (...) du disque.
Sans parler de la trompette envahissante qu'on nous inflige à tout va avec forces galipettes du musicien, mais qui n'ont rien de dramatiques et contrecarre le climat ambiant du film plutôt qu'autre chose. Le réalisateur n'adhérait pas à cet axiome de réalisation qui veut que pour accentuer l'angoisse d'une tragédie, le silence est encore l'auxiliaire le plus précieux.
Et contrairement à la Traviata qui elle sonne juste avec un orchestre symphonique, la bande son est ici exécrable et nous torture les tympans avec une cacophonie aussi importune qu'inutile. Pour un peu, on se plairait à regretter le cinéma muet. Les grandes douleurs ne sont-elles pas muettes ? Et si on crédite au générique les trois musiciens (trompette et autres), on ne saura jamais qui était à la batterie, et qui pourtant s'en est donné à coeur joie, pensant immortaliser son solo de grosses caisses...
Ce qui a modéré ma notation car franchement, ce film m'avait plu voire surpris ...à l'endurance.
Il y a bien des détails qui fâchent, comme ce train assez curieusement immobile au point qu'il ne déséquilibre pas ces voyageurs, mais on les pardonne bien vite. En définitive, une heureuse vision découverte dans le cadre du cycle du cinéma italien de France 5, malheureusement à une heure bien tardive puisque la projection commençani à 00h00...
Dommage pour ceux qui ne peuvent enregistrer...
France 5 le 14.02.2021

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le 15 févr. 2021

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