La vague de nostalgie émanant du logo Amblin, le climat de désespoir d'un futur ravagé par une éruption solaire, le regard instantanément touchant d'un Tom Hanks conscient que sa survie solitaire ne se joue plus que sur le très court-terme, l'amour indéfectible d'un chien tout mignon comme seul lien avec la vie d'un monde révolu, un robot gentiment naïf et maladroit en plein apprentissage pour prendre la suite de son créateur... On ne peut pas le nier, les arguments que "Finch" déploie pour susciter notre empathie sont évidemment redoutables, il faudrait avoir la fibre émotionnelle d'une carrière de pierres pour ne pas succomber un minimum aux liens de complicité qui se tissent bon gré mal gré entre ce trio parti pour un dernier périple sur les routes américaines. Et, pour peu qu'on laisse notre part la plus innocente nous envahir devant le film, des sourires compassionels et même des yeux légèrement embués (surtout lors de la dernière partie) ont de fortes chances d'accompagner ce petit conte SF jusque vers sa destination ne faisant aucun mystère sur sa teneur dès les premiers instants.
Mais, même en cherchant à étouffer la moindre once de cynisme en soi, force est de constater que "Finch" ne fait que ce que l'on attend de lui avec la plus grande facilité. Aucune prise de risques ne vient en effet jamais bousculer les étapes téléphonées traversées par les personnages, les obstacles rencontrés durant leur périple ont un mal fou à créer un sentiment d'urgence ou de danger susceptible de les faire dévier d'une route que l'on sait par avance inébranlable. Et, même si quelques séquences sortent du lot (les flashbacks amenés par une certaine histoire par exemple) pour essayer de donner un peu plus d'épaisseur aux leçons apprises par ce robot enfantin pressé de passer à l'âge adulte, le film ne cherche jamais à sortir des clous de sa dynamique de départ, faisant de tout ce qui gravite autour de ces personnages des artifices simplistes juste bons à les amener là où on sait déjà qu'ils finiront.
Quelque part, c'est bizarrement le long-métrage en tant que tel qui apparaît un brin cynique dans sa démarche, comme si l'addition d'un Tom Hanks au capital sympathie inaltérable, d'un chien et d'un robot gentillet (au demeurant très réussi niveau effets spéciaux) constituait à elle seule une formule magique capable de ressusciter l'esprit irrésistible des anciennes productions Amblin. Certes, la force de ces ingrédients n'est jamais à remettre en cause dans "Finch" mais, si rien d'aussi puissant et inventif ne vient les supporter pour nous faire vibrer en permanence à leurs côtés, le torrent d'émotions par lequel on espérait être submergé se retrouve à l'état d'un ruisseau qui ne peut que nous en asperger par intermittence. Et, sous un Soleil devenu le pire ennemi de l'Homme, il faut bien reconnaître que ce n'est hélas pas suffisant pour étancher notre soif d'une œuvre plus ambitieuse.