Fini de rire par Alligator
Quel drôle de numéro! Oscillant entre comédie loufoque et huis-clos noir, ce film est par moments déconcertant.
Le couple Mitchum/Russell joue entre velours et rugosité au jeu du chat et la souris sans que l'on sache qui miaule, dans le plus pûr style du noir. Mais le personnage de Cardigan qu'investit avec bonheur il est vrai la cabotin Vincent Price place le film sur une toute autre orbite, vers des contrées quasi burlesques. En soi, les différentes tonalités ne sont pas mal investies par les comédiens, mais le décalage continuel entre ces scènes et ces personnages ne laissent pas de surprendre voire de faire dérailler le regard du spectateur. Et les dialogues d'appuyer ce qu'on ne peut pas appeler un malaise mais disons plutôt un léger trouble dans la fluidité et dans l'investissement du spectateur dans le récit. Trop de contrastes. Trop de malignité ou d'emberlificotement dans les dialogues qui les rendent presque surréalistes parfois. Sûrement irréels en tout cas. Et pour couronner le tout, le film met pas mal de temps à éclaircir son propos. Il nous faut bien une demi-heure, voire plus, pour que l'on sache à quoi l'on a affaire, qui est qui, et ce qui se trame devant nos yeux et oreilles ébaubis. Durant ce long temps on ne cesse de se demander si l'on est pas fou ou crétin à ne rien comprendre de ce qui se dit et fait. C'est très déroutant. Toutefois, cela n'en devient pas pour autant désagréable non plus. Quelque chose plutôt entre désorientation et mystère, sourires et haussements de sourcils. On est en effet sur le qui-vive, le récit reste toujours curieux, intrigant.
Le titre français "Fini de rire" reste encore une fois un des grands mystères de traduction.