Souvent décrié pour son manque de personnalité, qui s’explique en réalité par l’éviction du cinéaste John Carpenter, choisi de prime abord pour adapter le roman de Stephen King, suite à l’échec commercial de The Thing (1982), Firestarter s’affirme pourtant tel un divertissement de grande qualité, mené sans temps morts et doté d’effets visuels d’excellente facture. Mark L. Lester, à qui l’on doit le survitaminé Commando (1985), n’a certes pas de patte reconnaissable ni de thématiques qui lui soient chères ; il n’empêche que sa réalisation est efficace, pleine d’idées de mise en scène et portée par des acteurs convaincants qu’il dirige fort bien, à commencer par la jeune Drew Barrymore. Les nombreux gros plans effectués sur les visages du père et de la fille télépathes retranscrivent à l’écran la douleur de ces pouvoirs surnaturels plus proches de la malédiction que du don.
Et c’est sur ce point que réside l’intérêt principal du film comme du roman de King : représenter la souffrance des êtres qu’une singularité marginalise et contraint à prendre la fuite. Aussi sommes-nous assez proches d’un Jack Torrance (The Shining) ou d’un Johnny Smith (The Dead Zone), personnages maudits et broyés par la société à des fins de dissection destructrice. La relation poignante qui unit Charlie à Andrew tout au long de leur traque et même pendant leur détention injecte dans ce divertissement une humanité vibrante et sincère ; elle permet d’introduire une réflexion sur l’identité paternelle, ébranlée par les stratégies de manipulation définies par John Rainbirn – campé par un George C. Scott sadique – que l’on retrouvera, un an plus tard, dans le Commando de Lester.
Une brûlante réussite.