LE FEU AU QI
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le 23 juin 2022
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Keith Thomas (II), qui s’est déjà frotté au genre de l’épouvante avec « The Vigil », revient une nouvelle adaptation du roman « Charlie » de Stephen King. Comptons en plus un certain John Carpenter et le fiston Cody à la composition et une production Blumhouse, autant dire que le projet s’entoure d’une bonne aura pour réveiller les pouvoirs surnaturels d’une enfant, pas si innocente que ça. Mark L. Lester en avait fait un long dans les années 80, où il ne reste à présent que des cendres pour bâtir un nouvel engouement et une nouvelle angoisse d’adolescents. Il n’est pourtant plus aussi surprenant de voir cette thématique revenir à l’écran, car des super-héros et autres mutants sont passés par là, entre le sentiment d’isolement et une colère froide envers leur environnement ou le gouvernement. Pourtant, tout ici s’enflamme à la moindre étincelle, comme pour souligner une urgence dans la famille McGee.
Cette urgence vient évidemment du pouvoir pyrokinésiste de la jeune Charlie (Ryan Kiera Armstrong), dont on prendra le temps de présenter les dommages qu’elle peut engendrer, du fait de son instabilité émotionnelle. Le film souhaite ainsi traiter l’adolescence, et plus précisément de la puberté, dans ses formes les plus rougeoyantes. Hélas, c’est un choc thermique tellement fort qui nous tombe dessus qu’on ne pourra pas vraiment sauver grand-chose. Cette tension aurait pu s’arrêter là et déboucher vers l’entonnoir colérique de « Brightburn », voire un brin viscéral comme le récent « The Innocents », mais ce sera dans un élan convenu et sur l’appui d’un propos en retard sur son temps, qu’on s’ennuiera fermement. Il est navrant de constater que la relecture libre du support écrit ne se rapproche en rien du roman. Le remake est pourtant loin d’être une mauvaise idée, mais le fait est qu’il se sabote lui-même, car les limites du budget sont évidentes et qu’il n’y a aucune envie de cinéma dans cette entreprise, qui court à sa perte. Cela se voit dès le premier tiers du récit et il reste alors une bonne heure qui bouillonne d’achever son périple.
Andy (Zac Efron) et Vicky (Sydney Lemmon) sont des parents dont on va rapidement épargner leur responsabilité dans l’éducation de leur fille. Le patriarche de l’instant aura beau insister sur le contrôle du feu intérieur de Charlie, tout sera écrasé dans une narration décousue et qui ne manœuvre qu’avec des champs-contrechamps pour se faire comprendre. Les mots seront si lourds qu’il aura fini de noyer toute la crédibilité des personnages et de leurs enjeux. Un laboratoire est vidé de son personnel pour donner lieu à de longues transitions visuellement passables. Mais la photographie ne témoigne d’aucun inconfort, car le metteur en scène s’attarde beaucoup trop sur une imagerie futile. Il ne suffit pas de froncer les sourcils et de mettre sa capuche pour paraître aussi malveillant. La mise à mort de sbire n’est pas non plus en phase avec la rupture émotionnelle que la jeune fille subit par moment. Tout est superficiel et il suffira d’observer le manque de caractérisation pour se rendre compte de la supercherie.
Ce qui est censé représenté une quête d’émancipation ne peut pas prendre vie avec si peu de convictions. Le méchant, John Rainbird (Michael Greyeyes), est rapidement dénaturés de sa brutalité et de sa froideur, à croire que l’on ne fait qu’avancer les yeux fermés en oubliant toute notion dramaturgique derrière. « Firestarter » est sorti des limbes sans prévenir et brûle toutes ses chances de convaincre, au détriment d’une intrigue qui ne mérite pas autant de modernité si ce n’est que pour servir de guirlande. En effet, le film ne manque pas de nous éclairer par moment, mais sera loin de nous enfermer dans le même four exaspérant qu’il cautionne. Brûlez tous, il n’y a rien à voir.
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le 14 mai 2022
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