Après Whiplash en 2014 et La La Land en 2017, Damien Chazelle se lance une troisième fois dans la course à l'Oscar. L'histoire du premier homme à avoir marché sur la Lune, Neil Armstrong, interprété par Ryan Gosling. Tous deux au sommet de l'art cinématographique après leurs différents succès, leur association fait à nouveau des étincelles. Au début des années 60, un vétéran de l'armée, reconverti en ingénieur-pilote pour le compte de la NASA réalise un vol d'essai : quitter l'atmosphère et y entrer depuis l'extérieur.
Dès cette scène d'ouverture, les frissons ne quitteront plus le spectateur jusqu'à la fin. une puissance émotionnelle colossale se dégage des différentes situations . Tous les personnages, femmes, enfants comme astronautes, constamment confrontés à la perte d'un être cher. Chacun trouve alors sa manière de gérer la mort et Chazelle parvient alors à dresser un portrait extrêmement touchant du héro américain mais également des personnes qui ont partagés cette période de sa vie (mention spéciale à Claire Foy, la pépite), qui parfois l'ont perdue, pour l'avancée de la conquête spatiale. Une grande partie du travail du film est constitué des séquences sur Terre, de toute la préparation ainsi que des drames qui ont mis la mission à terre, sans jamais l'abattre, la mission Apollo. Chacun gérera ces catastrophes à sa manière, du plus froid au plus émotif, sans que jamais l'un d'eux ne paraisse profondément inhumain. Et si le rôle va si bien à Gosling, c'est notamment pour sa capacité inimitable à garder ses sentiments le plus profondément enfouis. Aucun des astronautes n'est insensible à la perte d'un camarade.
Le réalisateur se transforme à nouveau. Moins dans le spectaculaire et bien plus dans l'intime, Chazelle se rapproche des objets qu'il étudie. La place des émotions et du non-dit est grande sans jamais tendre vers le pathétique et occulter les enjeux de la mission spatiale. La manière qu'a le cinéaste de raconter ces différentes missions est très forte : une caméra très proche de l'action et vibrante au maximum de telle sorte que le spectateur est presque inclus dans le cockpit au milieu des astronautes.Le son est également très efficace. Parfois couvrant les dialogues, parfois coupés, parfois permettant à l'image d'éblouir, parfois lui permettant d'étouffer et d'écraser le spectateur. Comme dans certaines séquences dans l'espace.
Emmener le spectateur sur la Lune et le faire vibrer, alors qu'il connaît déjà l'histoire, c'est le défi relevé, et réussi, par Damien Chazelle. Le monde est conquis et Hollywood également. Si toutes les portes ne lui étaient pas déjà ouvertes, certaines se sont certainement débloquées au passage de First Man. Comme une fantastique épopée à la conquête de l'espace. Comme toujours après ce genre de films, on aura tendance à demander une qualité au moins aussi élevée au prochain film du réalisateur franco-américain.