Le film amorce son final, l’alunissage de Neil Armstrong et Buzz Aldrin.
Une fois cette prouesse technologique et humaine accomplie, Neil procède à la sortie extravéhiculaire pour devenir le premier homme à poser le pied sur la Lune.
Aucun son ne vibre sur ce débris colossal qu'est notre satellite. La lumière du soleil reflétée à la surface lunaire éclipse les étoiles et nous offre en spectacle un ciel noir d'encre.
Et c'est ce que voit Neil. Une surface grise, comme du béton érodée, sur fond noir.
Alors dans la salle de cinéma muette, des spectateurs tout à coup chuchotent : "Tout ça pour ça."
Je peux comprendre que la polémique aux USA ne portent pas seulement sur une histoire de drapeau, mais plutôt sur la manière avec laquelle Damien Chazelle a réduit cette quête à presque un seul homme, un seul destin.
Pourtant cela n'enlève en rien à la complexité de l’œuvre, ni même à son ambiguïté.
Damien Chazelle en choisissant un style documentaire, parfois mal maîtrisé, jette l'ambition de la conquête spatiale à la critique. Le jusqu'au boutisme de Neil Armstrong, la mégalomanie d'un groupe d'homme dans le contexte late 60's, remettent en cause l'intérêt de tels sacrifice.
Il se dégage une poésie incroyable qui ne saute pas au premier coup d’œil, mais qui émeut quand on y repense, car c'est typiquement le genre de film qui laisse une trace. Il y aurait presque du religieux tant on pourrait voir une terre promise, un triste paradis dans la mer de la tranquillité. Il y aurait presque trop d'humanité dans la solitude de Neil Armstrong, quand derrière lui Buzz Aldrin expérimente la gravité lunaire, en sautant comme un gosse entre les cratères.
C'est quoiqu'il en soit un film courageux vis à vis de l'idée qu'on pourrait se faire d'un tel projet.
Ici Damien Chazelle propose une expérience immersive, basée sur une impression de vécu, grâce entre autre à la matière sonore, un peu à la manière de Christopher Nolan dans "Dunkerque", tentant peut-être malhabilement de nous faire perdre nos repères.
Malgré cela on aura du mal à nier que le jeune réalisateur, avec ses trois premiers films, fait avancer le cinéma, le dépouille de certains codes narratifs devenus obsolètes.