"First Man" évoque la vie de Neil Armstrong pendant les années 60, du décès de sa fille qui le marquera à vie, au moment où il devint le premier homme à marcher sur la Lune. On aurait pu craindre un biopic aseptisé comme il en sort tant, ou un film patriotique vantant la conquête spatiale américaine, mais il n'en est rien.
Damien Chazelle a choisi de se concentrer sur cet homme intelligent, renfermé, et parfois à la limite et l'autisme, mu par un sens du devoir, de la découverte, mais également par ses traumas. Habitué des rôles de taciturne, Ryan Gosling est le choix idéal pour jouer Armstrong, et livre une prestation tout en retenue et en sensibilité.
Outre ce protagoniste, l'ensemble est particulièrement soigné. On remarque en premier lieu l'énorme travail apporté aux séquences aériennes et spatiales : images superbes, montage sonore qui prend aux tripes, montage visuel très efficace rendant bien la difficulté et l'intensité de ces missions, et très jolie BO. Et des scènes plus intimes très touchantes, filmées caméra à l'épaule.
Mais au-delà de ceci, le film est prenant, évoquant les dessous de la conquête spatiale des 60's. Ses victimes collatérales, son budget démentiel, et en particulier le danger auquel étaient soumis ces aventuriers scientifiques, au grand dam de leur famille.
Malheureusement le résultat au box office sera plus que timide, en partie à cause d'une ridicule polémique lancée par des conservateurs américains. Avant même d'avoir vu le film, et sans chercher à comprendre qu'il s'agit d'un drame sur la psyché d'un homme, ceux-ci dénonceront bêtement que l'on n'y voit pas les astronautes planter le drapeau américain sur le sol lunaire... Le fait que "First Man" soit tourné par un Franco-américain et interprété par un Canadien n'ayant pas du l'aider...