Situé dans un quartier ouvrier anglais, le film suit Mia (Katie Jarvis), adolescente rebelle et solitaire, dont la rage semble se heurter à tout ce et ceux qui l'entoure.
La caméra portée, toujours au plus près de Mia, épouse ses mouvements erratiques, ses danses, ses élans de colère et ses moments d’abandon. Ces cadres serrés et ce choix de lumière naturelle installent une proximité presque suffocante, un huis clos émotionnel, quasi documentaire, devenant l’empreinte de sa réalisatrice.
La bande-son, dominée par des morceaux pop et hip-hop, agit comme une extension de l’intériorité de Mia. Chaque note porte ses désirs, ses frustrations et sa quête désespérée de liberté. La récurrence musicale California Dreamin’ en est le parfait symbole.
Si le film s’inscrit dans la lignée du cinéma social britannique à la Ken Loach, Arnold transcende le genre par une intensité sensorielle et un regard résolument féminin. Fish Tank ne se contente pas de dénoncer les structures des classes oppressives ; il les fait sentir, peser sur chaque mouvement de Mia.
Son environnement fait de béton devient une cage, où même les moments de danse, son unique exutoire, restent contraints par l'espace, comme si l’air lui-même pesait sur ses épaules.
La relation ambivalente entre Mia et Connor (Michael Fassbender), le compagnon de sa mère, est au cœur du récit. Connor, figure paternelle douce mais profondément trouble, incarne à la fois l’espoir et le danger. Leur dynamique oscille constamment entre protection et manipulation, renforçant le sentiment d’instabilité qui traverse le film. Connor n’est ni un sauveur ni un bourreau : il est un reflet des contradictions d’un monde adulte qui abandonne ses jeunes tout en les façonnant.
Mia, dans toute sa complexité, est une figure universelle et profondément singulière. Sa colère, sa vulnérabilité, son langage corporel nerveux traduisent un besoin vital de connexion dans un univers marqué par l’abandon et l’indifférence. Dès lors, les rares instants d'éloignement urbain nous apparaissent en tentatives d’évasion et de connexion. Mais ces espaces, bien qu’apaisants, restent temporaires, jamais pleinement habités.
Fish Tank, c'est le portrait d’une adolescence en équilibre dans la dureté d’un monde qui ni ne pardonne et ni ne la comprend.