On dit qu’un poisson rouge grandira si on le déplace dans un bocal plus grand. Il s’adapte à son environnement. C’est de cette image qu’use la réalisatrice pour brosser le portrait de Mia, 15 ans, adolescente paumée du fin fond de la Grande-Bretagne.
Cette dernière est coincée entre une mère qu’elle déteste, lui renvoyant l’image de la femme plus que déplorable, et son envie à elle de s’exprimer en tant que femme en devenir. La présentation de Mia au début du film est donc clairement posée : elle fout des coups de boules sans raison à des poufiasses mais peut s’enfermer des heures dans un squat pour danser sur de la musique de poufiasse. Le paradoxe adolescent dans toute sa splendeur.
Le ton donné, le film a du mal à se détacher de la vision classique de l’adolescence dite difficile. La jeune Mia subit sa vie, se heurte aux jeunes de son âge, découvre des sentiments nouveaux, malheureusement pour le mec de sa mère, et évolue sur un fil entre le désir d’être aimée et celui de se faire oublier.
Ce n’est donc pas dénué d’intérêt, et il est indéniable que la sincérité du propos est là. Cependant, Fish Tank ressemble à une bonne louche de films de ce genre, n’apportant aucune originalité, aucun point de vue un tant soit peu différent. Même ce « pseudo » revirement de situation vers la fin lorsqu’elle dépasse carrément les bornes ne surprend pas trop et se classe aussi vite que si la réalisatrice s’était dit qu’elle-même était peut-être allée trop loin.
Reste une très bonne interprétation, et la bonne surprise de découvrir Michael-je-sui-partout-Fassbender dans ce petit film britannique. Britannique d’ailleurs je dirais « heureusement » car il squizze un happy-end américanisable qui aurait, là aussi, pu être prévisible. En effet, cette fin n’est finalement pas montrée comme pleine de promesses mais plutôt comme la continuité d’une vie merdique dans un nouveau bocal.