Mon dieu, quelle affiche ! Je me demande ce qui a bien pu passer par la tête de l’équipe marketing pour décider d’un poster pareil. Le petit drapeau anglais pour situer géographiquement l’histoire, la bouée de sauvetage pour le milieu côtier (la sous-intrigue sur les sauvetages en mers est vraiment secondaire), la mouette et le micro : quel kitch !
Il y avait pourtant matière à de belles affiches entre les paysages sauvages des côtes de Cornouailles, et les visages creusés du groupe de marins…


Fisherman’s Friends est le second long métrage du réalisateur anglais Chris Foggin, a qui l'on doit en 2016 Kids in Love, film sorti plutôt inaperçu.
Il s’agit d’une comédie qui s’inspire librement de faits réels, et suit l’ascension d’un groupe de folk pas comme les autres - les Fisherman's Friends -, composé de dix robustes marins qui entonnent en cœur des chants traditionnels de la mer.


C’est compliqué je sais, mais il faut arriver à passer la première demi-heure du film, qui est absolument affreuse.
On suit un groupe de trois zinzins du showbiz de la musique qui débarquent de Londres pour fêter dans la plus grande beauferie un enterrement de vie de garçon. Immédiatement, le décalage entre leur vie de nouveaux riches privilégiés à qui l’on ne refuse rien et les mœurs et coutumes simples des habitants de Port Isaac, petit village reculé des Cornouailles qui vit de pêche et de tourisme, vire à la caricature. Que c’est long, que c’est malaisant, on se croirait presque devant Les Tuche (en tout cas devant un cinéma que j’abhorre).
La scène de leur arrivée dans le village, où ils se retrouvent coincés dans les rues étroites avec leur grosse voiture, en est je crois le parfait symbole.


Et puis tout d’un coup, un petit miracle se produit et l’histoire prend une autre tournure. Exit les deux zigotos insupportables, ne reste que le troisième luron, nommé Danny – à qui ils ont fait une sale blague en lui demandant de démarcher le groupe des chanteurs marins pour leur faire signer un contrat. Le pauvre bougre (un peu niais) comprend trop tard que ses potes lui ont joué un mauvais tour et décide de s’obstiner à devenir leur manager.


Vaille que vaille, nous suivons donc le parcours de Danny pour intégrer ce petit microcosme, gagner la confiance des villageois et faire connaître le groupe local auprès de Labels nationaux. C’est dans cette découverte de la communauté de Port Isaac que réside tout l’intérêt de ce Fisherman’s Friend.


Film de musique oblige, la BO est vraiment réussie. Les chansons des Fisherman’s friends (qui se décrivent eux-mêmes comme « un groupe de rock'n'roll de 1752 ») sont magnifiques et il se dégage une grande harmonie lorsque leurs voix s’unissent. On en ressort avec une farouche envie de découvrir les albums du groupe historique dont c'est ici l'adaptation, tout particulièrement leur premier disque Suck'em and Sea.


L’autre grand point fort du film, ce sont les paysages vallonnés de la péninsule de Cornouailles, cette terre celtique qui forme la pointe Sud-Ouest du Royaume-Uni, après avoir franchi le fleuve Tamar. Une côte rocheuse et venteuse, qui ressemble par bien des aspects à l’île de Skye en Ecosse.


Il est vrai que la confrontation entre la vie moderne de ces trois jeunes con(s)descendants et la fierté des marins en cirés jaunes « tombe à l’eau », car trop appuyée et soulignée par une mise-en-scène maladroite. Mais progressivement, on se laisse entraîner par cette amitié naissante entre les marins orgueilleux et Danny, ce citadin gauche qui drague la fille de Jim, le chef sauveteur.
Ajoutons leurs chants traditionnels au pittoresque de la région, et notre esprit de spectateur s’échappe pour rêver à de grands voyages.


Fisherman’s Friends est donc un film qu’on déteste en premier lieu, et que l'on trouve de plus en plus attachant au fil de son développement.

D-Styx
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le 18 mai 2021

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