Adrian Sitaru n'a pas dans le cinéma roumain une égale réputation à celle de Mungiu, Puiu ou Porumboiu. Ses films sont pourtant en général passionnants, comme le récent Illégitime, et âpres, cela va de soi. Fixeur est une histoire simple : celle de l'acharnement de deux reporters français à obtenir l'interview d'une adolescente de 14 ans, qui est devenue prostituée en France. L'homme qui doit leur faciliter la tâche est leur traducteur et "fixeur", aspirant à devenir journaliste. Ce n'est pas tant les filières de prostitution dans son pays, hélas bien connues, que Sitaru cherche à montrer mais le traitement de l'information "sensationnelle" dans un pays comme la France se nourrit, non sans un certain sens de soi-disant supériorité morale. Tout ceci n'est pas asséné mais subtilement induit, le film ne condamnant personne, pas même les instruments de ce rapport malsain entre les représentants de deux nations inégalement développées. On n'est pas si loin d'ailleurs de ce qu'évoquait Maren Ade dans Toni Erdmann. Honnête dans sa narration et précis dans sa mise en scène, Fixeur est cependant dérangeant en s'interrogeant sur l'exploitation de la misère humaine.