Bien que ne postant plus beaucoup, pour ne pas dire presque plus aucune, de critiques, trouvant cet exercice assez vain et au fond assez symptomatique d'une recherche d'attention (ce qui n'est plus de mon âge) dans la plupart des cas, j'avoue que ce film nommé The Education of Fredrick Fitzell (titre bien supérieur, ou au moins complémentaire) sur Amazon Prime m'a assez inspiré pour me donner envie d'écrire quelques lignes dessus.


En arrivant sur cette page, je vois une moyenne de ~5.5/10, ce qui pour l'instant n'est pas une surprise : tous les films de ce type vivotent dans cette gamme de notes, tout va bien on est proche des films du genre (Stay, La Neuvième Porte, ...). Au sein du genre évoqué d'ailleurs, The Education of Fredrick Fitzell est plutôt de ceux qui laissent une impression confuse à la fin mais qui au fur et à mesure des heures, des jours qui suivent son visionnage, impriment non seulement leurs images et leur symbolique dans la tête, mais qui en plus se dévoilent de plus en plus dans leur vérité et leur relatif génie de construction. Toujours parmi les films du genre cité, Flashback est parmi les plus énigmatiques et perturbants que j'ai vu : littéralement, le film est très difficile à suivre (surtout au début) et envoie sur une fausse piste (? vraiment) alors que le propos reste essentiellement psychologique. Pour le comprendre, il faut bien suivre le début du film (ou le revoir une deuxième fois) qui est assez confus, sinon beaucoup de détails qui suivent ne peuvent pas y être rattachés.


Le procédé, certes peut-être un peu "facile", mais ici diablement efficace et magnifiquement épaulé visuellement par un montage et des variations de scènes énigmatiques, angoissantes, psychédéliques, ... au final très graphique (à la manière de Stay) de la prise de drogue permet de sans cesse faire douter de la véracité de ce qui est montré et de reconstituer le puzzle principal de l'intrigue qui se comprend d'ailleurs même dans les dernières minutes.


Frederick, traumatisé par les cris de sa mère suite à un accident qu'il aurait eu, et par la surprotection qu'il a subi - notamment parce que subsiste aussi un doute sur sa santé, sa mère ayant une maladie liée à la mémoire - cris absolument pas malintentionnés mais angoissants, n'a pas réussi à vivre la vie de ses rêves par excès de prudence et (ainsi) du fait du défaut de confiance en lui-même qui en a découlé...du moins, c'est la conclusion que semble avoir tiré son esprit à l'aube de la trentaine quelque peu marquée par une crise de sens et un doute rétrospectif sur les choix opérés dans sa vie.


En effet, au lycée, Fréderick était amoureux de Cindy, une jeune femme incarnant la liberté et fréquentant un groupe vaguement drogué et qui a disparu du jour au lendemain. Se remémorant cet épisode, poussé par la crise évoquée, notre ami Frederick va se mettre en quête de la vérité et voyager entre les époques et les versions de son existence à la manière d'un homme sous stupéfiants (avec les visions qui vont avec, la paranoïa, l'excitation, etc.).


Jusque là, même si ce type de concept n'est pas si fréquemment exploité, rien de spécial me direz-vous. Mais le coup de génie du film qui le propulse pour moi du statut de film d'artiste talentueux mais brouillon à celui de véritable proposition artistique maîtrisée, c'est qu'au lieu


de se terminer vers le classique "vis tes rêves" ou sur la destruction de la vie du personnage principal, le film réalise une véritable partition qui se termine par une réconciliation avec son point de départ, comme le ferait une démonstration qui partant de l'hypothèse A>B, se termine par la démonstration de B>A . En effet, en explorant sa vie rêvée (à rebours) sous de multiples couleurs dépendant de ses émotions du moment, The Education of Fredrick Fitzell épuise toutes ses voies et revient à l'origine de son trouble, telle une psychanalyse, pour réécrire sa propre histoire, cette fois non plus à rebours mais dans l'ordre chronologique. Cette réécriture salvatrice lui permet de se réconcilier avec son parcours et de vivre sa prochaien étape de vie (sa femme enceinte, etc.). C'est donc un véritable voyage introspectif qui fourmille de détails et de subtilités de mise en scène bien senties. Je pense par exemple au "maintenant" de Cindy, semblant juste un rituel de reprise de contrôle dans l'état de transe mais qui finalement s'avère être le déclencheur d'une reprise de contrôle de son existence dans son ensemble, l'état de transe du drogué étant en effet mis en parallèle avec l'existence en roue libre... Les figures presque démoniaques et messianiques du groupe des quatre drogues menés par un enfant qui apparaît et reparaît, révélant comme il dit les existences et le guidant vers une vie fantasmée.


Subtil dans sa construction et talentueux dans son esthétique de film d'horreur psychologique (un bon pour une fois et pas une niaiserie pour ados), The Education of Fredrick Fitzell - également remarquablement interprété (difficile de se détacher d'une image d'acteur de films d'ados mais en l'occurrence Dylan O'Brien est vraiment un bon acteur, habité et impliqué surtout, à mon sens et - en aparté - a un peu de la de Paul Walker dans le visage) - propose une lecture originale du dépassement de la crise de la trentaine dans un film aux apparences de film d'horreur (qu'il pourrait d'ailleurs aussi être, sincèrement je n'avais pas revu de vraie ambiance inquiétante au cinéma depuis très très longtemps !) et frappe par son incroyable polymorphisme, nous entraînant sur de nombreuses pistes et genres cinématographiques pour prendre tout son sens dans les heures qui suivent. Une prouesse d'une belle sensibilité et d'un certain génie ; si vous avez aimé les films cités dans le corps de mon texte ou encore les jeux comme Rule of Rose, Catherine ou Cineris Somnia, foncez.

Foulcher
8
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le 29 juin 2021

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Foulcher

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