Magnifiquement emblématique d'une époque où se créait un mélange explosif entre avant-garde artistique new yorkaise et arts populaires (cinéma, rock), "Flesh" reste par delà sa signature prestigieuse (Andy Warhol !) l'expression la meilleure du talent d'un réalisateur méconnu - sans doute éclipsé de par son association avec le maître de la manipulation -, Paul Morrissey. Comme pour les 2 autres opus de la trilogie "New York Underground" ("Trash" et "Heat"), le propos de "Flesh" peut se résumer à son titre : il ne sera question que de la chair dans ce film dont l'enjeu de presque toutes les séquences, selon l'aveu de Morrissey, n'est autre que le déshabillage de Joe Dalessandro, éphèbe troublant. Mais là où le film touche aujourd'hui alors que la nudité fait moins scandale, c'est cette description fidèle d'un quotidien infernal duquel il est impossible de se sortir pour conserver encore un peu d'honneur, d'amour-propre, et pour se prouver qu'on est, ne serait-ce qu'un minimum, comme les autres.
[Critique écrite en 1983]