Ce film n'est pas un film sur un cours d'eau pollué

Des fois je ne sais pas trop pourquoi il me vient l'idée totalement saugrenue de m'infliger un film français. C'est très, TRÈS rare que je sois agréablement surpris mais celui-là est précédé d'une réputation d'accident industriel thermonucléaire (merci Nanarland) qui a forcément titillé tous mes chakras d'amateur de cinéma dégénéré.


Attention il va y avoir du spoiler dans les grandes largeurs, je préfère prévenir vu que c'est un film policier, certes passablement crétin, mais qui repose tout de même vaguement sur une révélation finale que je vais me faire le plaisir de te divulgâcher.


Donc c'est l'histoire d'un policier crasseux et alcoolo au bout du bout de sa life (Vincent Cassel, répugnant) qui enquête sur la mystérieuse disparition d'un adolescent. Très rapidement, le flic soupçonne un voisin d'immeuble (Romain Duris, trop choupi), ex-prof particulier du gamin, et qui parle de son ancien élève la bave aux lèvres comme si c'était Arthur motherfucking Rimbaud. Ce qui, en effet, peut paraître relativement suspect d'autant plus que notre lascar se traîne une pure tête de Jeffrey Dahmer bobo, avec ses lunettes seventies et sa barbe impeccablement taillée. Il passe aussi beaucoup de temps planqué dans sa cave (pas bon signe ça), et baguenaude régulièrement dans les bois à proximité, véritable repaire d'homosexuels en chien (le film se déroule probablement avant l'invention de Grindr). Encore plus chelou : le prof finit carrément par envoyer des courriers aux parents de la victime en les faisant passer pour des lettres écrites par leur enfant disparu. Ce qui est complètement fucked up on est bien d'accords.
Le flic va passer tout le film à coller aux basques du prof, totalement en vain puisqu'en fait *attention gros spoil*


si Duris s'acharne à ce point à multiplier les actes suspects c'est uniquement pour trouver l'inspiration littéraire (lol).


Le mec va même jusqu'à se faire facefucker virilement par un inconnu dans les fourrés, avec moult bruits de déglutition bien sonores, pour "voir comment ça fait" alors qu'il est obviously hétéro, marié et père de famille (tu me diras, ça n'empêche pas). Il a beau tout recracher, ça fait tout de même bien cher payé, même pour décrocher le Goncourt.


Toutes ces idioties finissent néanmoins par pousser les véritables coupables à la faute. En fait ce sont les parents du môme qui ont fait le coup... Suspectés à juste titre par le flic rival de Cassel qui avait donc tout compris depuis le début mais que personne n'a eu envie d'écouter parce qu'il est interprété par Charles Berling qui joue comme une patate. Et là accroche-toi bien parce qu'il faut le voir pour le croire :


l'ado a en fait été tué (accidentellement) par son papounet, surpris en train d'agresser sexuellement sa petite fille lourdement handicapée mentale (une interprétation très Simple Jack de la part de la jeune actrice Lauréna Thellier dont la carrière aura je pense bien du mal à se relever de cette désopilante performance). Pendant que la maman (jouée par une Sandrine Kiberlain au bord de la dépression) fermait les yeux sur les exactions de son mari parce que (I shit you not) c'était un moyen comme un autre pour sa gamine de connaître des expériences sexuelles.


Le film est à la base déjà bien gratiné niveau scénar. Mais c'est surtout l'interprétation de l'espace de ses acteurs principaux qui le plonge définitivement dans les affres du nanar franchouillard. Romain Duris en wannabe-écrivain maudit en fait des caisses, roule des yeux comme un épileptique en débitant d'un air fiévreux des banalités dignes d'un cours de français de cinquième. Mais le plus grand, le plus génial, le plus over-the-top c'est Vincent Cassel, tout en impro approximative et borborygmes incompréhensibles, à mi-chemin entre le Nicolas Cage de Bad Lieutenant et le commandant Van der Weyden de P'tit Quinquin. Le cheveu rare et graisseux, la barbe de clochard hirsute, le visage tellement marqué par l'alcool qu'il paraît toujours à deux doigts de nous écrire une chanson sur le coronavirus, Cassel est en totale roue libre dans la peau d'un inspecteur Columbo plus destroy mais aussi beaucoup moins perspicace que son illustre modèle. Il titube en sueur et la bite à l'air dans son appart', s'enfile plusieurs dizaines de verres de mauvais whisky pendant le service, tabasse régulièrement son gosse de quatorze ans dealer de shit, harcèle sexuellement les témoins, et annonce bruyamment à ses collègues qu'il va faire caca avant d'aller aux toilettes (la classe). Une interprétation toute en finesse du trope du flic pourri jusqu'à la moelle qu'on est pas prêt d'oublier.

Tonton_Paso
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le 27 août 2020

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