Lorsque le comédien Tomas Milian se glisse pour la première fois dans la peau de l'inspecteur Nico Giraldi en 1976 il est sans doute loin d'imaginer qu'il vient d'en prendre dix ans (enfin presque) et quasiment autant de films. Réalisé par Bruno Corbucci (le petit frère de Sergio), Flics en Jeans s'inscrit dans toute cette vague de polars des années 70 mettant en scène des policiers iconoclastes aux allures et aux méthodes de voyous. Flics en Jeans (Squadra Antiscipo) est donc une comédie d'action policière dont le succès poussera le duo Milian/Corbucci à remettre pas moins de onze fois le couvert jusqu'en 1984.
Flics en Jeans c'est donc l'histoire de l'inspecteur Nico Giraldo qui travaille à la brigade anti-vol de Rome et s’occupe essentiellement de débarrasser la ville des voleurs à la tire. Lorsque ces mêmes petits voleurs dérobent une mallette compromettante à un homme d'affaire américain et qu'ils commencent à mourir un à un, l'inspecteur doit faire face à un autre échelon du crime.
Squadra Antiscipo marque avant tout la naissance d'un personnage emblématique de cinéma populaire italien avec l'inspecteur Nico Giraldi. Un ancien petit voleur dont la mère était une prostituée (La meilleure putain ambulante du quartier selon un dialogue du film) et qui se retrouve donc à bosser pour la police tout en conservant une attitude de voyou. Car Nico Giraldi c'est déjà un look bien particulier avec un vieux bonnet de laine délavé toujours vissé sur une tignasse noire hirsute et qu'il conserve y compris lorsqu'il couche avec une femme, de longues chaussettes aux motifs fantaisistes qu'il conserve aussi pour faire l'amour et un bon vieux slibard rouge qu'il retire on l'espère lorsqu'il est avec une conquête amoureuse. Car loin d'être un tue l'amour avec ses allures de vieux clodo, ce bon Nico est plutôt un pur latin lover viril et un peu macho qui emballe tout ce qui se présente, enfin surtout le personnage principal féminin du casting qui est ici interprétée par Maria Rosaria Ommagio (Brigade Spéciale – L'Avion de l'Apocalypse – La Secrétaire Particulière de Papa). Motard casse cou, bagarreur adepte de la claque dans la gueule et du coup de pied au cul, l'arme principale de Nico Giraldi reste peut être sa verve, son cynisme et la grossièreté d'un langage fleuri de bons mots et de remarques assassines. Dès ce premier film, le personnage révèle donc un sacré potentiel et un énorme capital sympathie.
Si le film s'appuie essentiellement sur son personnage hors normes, Flics En Jeans propose globalement un agréable divertissement avec pour principaux ingrédients castagnes, cascades, humour et une petite touche de charme très soft. L'intrigue policière est quant à elle assez minimaliste et n'offre strictement aucun suspens, on est plus ici dans un prétexte à aligner les séquences d'actions et les bons mots un peu vulgaires du personnage principal du type : "Parle moi sinon je t'ouvre le cul" . Le film se suit avec plaisir et l'on s'amuse du cabotinage de Tomas Milian, des cascades motorisées avec tremplins à répétition, d'un thème musical qui tourne en boucle et des bonnes grosses patates de forains que les personnages se donnent avec des bruitages exagérés tout en démolissant les éléments du décor. Le méchant du film est interprété par l'immense Jack Palance, ce qui est tout de même assez très classe et le film glisse quelques références à Serpico puisque ce brave Nico Giraldi semble fan au point d'avoir l'affiche du film chez lui et d'avoir appelé son rat de compagnie comme le personnage interprété par Al Pacino.
Sympathique divertissement entièrement porté par Tomas Milian, Flics En Jeans est donc le premier volet d'une grande saga populaire du cinéma italien dont je vais essayer (sauf grosse lassitude) de regarder tous les films.